Mazette, que de cachet! Venu d’Athens, Immaterial Possession, d’une trame folk aux cheminements dépaysants que bordent des sons dépaysants (oui je sais, je m’inscris dans l’insistance…), fait constamment merveille. Son Mercy Of The Crane Folk, avec lequel je le découvre, m’a de suite capté l’oreille. Ses dix chansonnettes, tantôt caressantes tantôt plus offensives, m’ont fait un gringue pas possible. Résistance inconcevable, Chain breaker et sa vivacité orientalisante font péter la première épopée. Sans, notons-le, se laisser qualifier. Psyché, d’antan mais doté de sons de ce jour, pop, raffiné mais enlevé, le début d’album sent le baume. Mercy of the crane folk, éponyme, suit en se parant de touches blues, vaguement post-punk aussi, syncopées, d’un effet qui s’il se fait élégant, ne manque pas non plus de piment. Alors que To the fete, rythmé, aussi subtilement musical que le reste, regorge d’un pouvoir d’attrape similaire. C’est l’identité, ici, qui fait toute la sève de l’opus. Les bonnes idées sonores aussi, en nombre et savamment distillées. Ce chant féminin racé, en plus. On voyage, sans bouger de chez soi, au son d’ Immaterial Possessio. Je pense à Altın Gün, fréquemment, pour le trip instauré. C’est dire, beaucoup l’auront compris, la valeur du labeur.
Medieval jig, clippé ci-dessus, le démontre. Léger, boisé, rudoyant par instants, il chatoie. Siren’s tunnel, plus urgent, propose un soufre rock aux vocaux envoûtants. Dans le même temps, il visite l’espace. Je n’en finirai plus, je peux le prétendre, d’explorer cette galette. Elle sort chez Fire Records, je pourrais presque m’arrêter là. Mais Current in the room, sur percus et voix de marque, groove jusqu’à mes sens. L’extase se poursuit, un brin Grecque, un tantinet Turque. Du lointain, c’est certain. Ancient mouth, pas moins concluant, jette un folklore captivant. Il s’enhardit, durcit ses traits. Et puis il ondule, merveilleusement. Cypress receiver lui fait suite, d’une folk sans âge. Birth of queen croaker, presque tribal, fait preuve de fantaisie sonore. Il me rappelle les late 70’s, cette foison de créativité sans bride. Immaterial Possession, pourtant, est de notre temps. Et y échappe. La trame vire psyché, mais dans le délire. Enfin Red curtain, dans une ambiance à la Elysian Fields, légèrement vrombissante, finit superbement. Terminé, y’a plus qu’à acheter l’objet sous peine de rater un temps fort, très fort, de génie musical certifié par dix compositions au delà de tout soupçon.