De Sunflowers « from Porto » j’avais déjà décrit l’excellent Endless voyage, en janvier 2020. Je reçois ces jours-ci A Strange Feeling of Existential Angst, cosmique et fleuri, dansant et percutant, qui passe par plusieurs couleurs. Kraut pénétrant et offensif (A STRANGE FEELING OF EXISTENTIAL ANGST, éponyme, bien noisy), il s’amorce pourtant sur des airs brumeux et spatiaux (SONIC ESCAPISM I qui mue ensuite, sur son second volet nommé en toute logique SONIC ESCAPISM II, en une psych-pop de haut vol). Là déjà, les options varient. L’atmosphère est diverse, d’une poussée elle peut virer sur du bien plus posé, au gré d’un chant flottant. WITHIN A BUBBLE, de son groove à la Yeti Lane, fend l’espace avec finesse. C’est dans les cieux, de manière dominante, que pour l’heure l’opus de déploie. Mais le ton se fait plus sulfureux, soniquement c’est bien jouissif. Sunflowers évolue, sans se trahir en termes d’identité. Ses guitares aiguisent le morceau, sa basse le fait serpenter. Plus loin AS OUR MOTHER ROLLS THE DICE, fuzz et garage, valide ce retour gagnant. On y entend, comme souvent, des vocaux de là-haut.
Après ça STRATEGIC PLANNING FOR YOUR GARDEN, à la moitié des festivités, se fend de secousses bruyantes. Parfait. On renoue, pour le coup, avec les coups de pelle dont Sunflowers a le secret. Il alterne les deux tendances, avec l’aplomb qu’on lui connaît. Il sonne 70’s, mais actuel. Au mitan l’ambiance se fait vaporeuse, il va sans dire que les sautes d’humeur sont elles aussi parfaitement tenues. AN ODE TO THE 21ST CENTURY NONCHALANCE, en éruption, braille et castagne en mode punk’n’roll. C’est la gifle, attendue, de ce disque de grande valeur. Pas même deux minutes, camarade! Et voilà que BODY CRAVES DATA, aux motifs joueurs, allume un post-punk taré. Les voix s’y répondent, sous folie. Y’a du Devo là dedans, dirait-on, les deux doigts dans la prise.
PROGRAMMATIC ADVERTISING fait suite, entre riffs silex et ballade dans le ciel. Ca fonctionne sans aucune difficulté. Sur le terme COLOSSUS COMPLEX, de durée plus conséquente, réinstaure des effluves psyché. Il vole au vent, léger, mélodique. Des élans souillés le sertissent toutefois. Enfin ELECTRIC PIETY, à la porte des huit minutes, dessert un rock belliqueux, orageux, d’une cuvée supérieure. A Strange Feeling of Existential Angst excelle de bout en bout, n’ennuie jamais et sort, cerise sur le gâteau, chez Only Lovers Records.