Issu de Your Own Film, Sam Pottier, chanteur de ladite formation, recense ici ses morceaux les moins rock, désireux de les doter, en solo, d’une vie propre. Le résultat, ce Oblivion tiré à 300 exemplaires numérotés et contenant chacun une photo unique, de même qu’une carte menant aux contenus numériques, est confondant de beauté. On ressent dès les premières notes, palpable, l’émotion. L’ornement est de choix, le panel large. Le thème abordé est l’oubli, quel meilleur choix en cette époque où très vite, aux yeux de l’autre, tu n’es plus rien après avoir tant représenté ? Bref. Shame, première perle d’un velours de voix grave, étincèle par son jeu. Décor sublime, dépouillé et d’autant plus vrai. Rythme léger, véracité d’un éprouvé. Choeurs-merveille. Puis Calm down, drapé dans la même beauté. Montée, puis retombée comme si finalement, l’apaisement se faisait jour. L’oubli, fil blanc d’un opus qu’on…retiendra. Justice, guitares éparses mais remarquables. Une musicalité à l’impact décisif, peaufinée, travaillée, sans surcharge. De l’acidulé, par bribes, histoire de surligner l’amertume. I’m not, sur cadence chaloupée. Un lingot de plus, Oblivion n’inclut d’ailleurs que ça. The stories I’ve been told, où les guests et pas des moindres, s’illustrent. On s’envole, porté par deux voix, par des atours bluesy remarquables.
S’agissant d’invités, notez bien ceci: Dan Amozig à la trompette sur Shame; Caroline Badeka Mambuu au violon et Margaux Monnois au violoncelle sur The Stories I’ve Been Told/Valuables/The Flood/Dandelions/You D’ont Remember My Name et Horizon ; Romain Flandre au saxophone sur Dandelions ; Sarah Dhénin au chant sur The Stories I’ve Been Told et la divine Tiphaine Robert au chant sur You D’ont Remember My Name officient sur la galette, histoire de la valoriser d’autant plus. Mais revenons à celle-ci: l’éponyme Oblivion, jazzy, dégage un climat racé. Soniquement chatoyant, vocalement sensible. Etayé avec goût. Time, plus vivace, folky, stellaire dans ses atours, lui emboite le pas pour laisser place à Valuables, doux-amer, syncopé, cordé avec prestance. Majestueux. Sur l’opus quoiqu’il en soit, tout n’est que sincérité, splendeur sans filtre. The Flood, d’une finesse à larmoyer. On note, une fois de plus, l’écrin de cordes. Oblivion, bien mis, enchante et incite à l’introspection. Time part 2, court, se dénude.
Dandelions, ensuite, immerge doucement. Il enfle, parait sur le point d’imploser, sur le fil. Diantre, que de brio dans l’enveloppe sonore! Le tout a de plus été confié aux bonnes mains du coin, à savoir Béranger Nail et Vincent Louvet. You don’t remember my name, où l’ex demoiselle de French Kiss, si je ne m’abuse, pose son organe magique, s’assombrit au mitan de son éclat. Une hausse de rythme, sacrément bienvenue, ponctue l’affaire. Il en faudrait plus, me dis-je à ce moment précis. Le ton se durcit, mince on dirait presque du YOF! A l’issue Horizon, près des 10 minutes, offre des envolées princières. C’est un peu le résumé, flamboyant, de tout ce qui anime Oblivion. Oeuvre personnelle, profonde et soignée, il s’agit d’un disque en parfait pendant aux contours plus écorchés de la formation citée plus haut.