Belge, indie-pop à guitares, Annabel Lee a le don d’empiler les titres qu’on retient. Emmené par la chanteuse/guitariste Audrey Marot, le groupe s’est appuyé pour ce second album, Drift, sur les services d’ Amaury Sauvé. Sa palette très 90’s en tire profit, à l’écoute il m’arrive de penser au Breeders de Pod (Terrain Vague). Les guitares, bavardes, lâchent des grondements. Dinosaur, sur une lignée que Mascis, justement, n’aurait pas dédaignée, affiche allant, énergie et mélopées. Son effet est instantané. Idem pour Kiss Ride, plus mid-tempo, sucré dans le chant, noisy autour. Indie-pop de choix, si ce niveau persiste le trio sera difficile à déloger. By the sea, plus pop, s’avère être l’idéal complément au début du disque, attrayant. Une pointe énervée ponctue cette troisième plage, puis Terrain Vague pose un déroulé bien plus bridé. L’album n’en pâtit pas, je préfère toutefois l’option enlevée. Une effluve de fin, éruptive, me comble alors. Go Go Gadget, ensuite, s’en tient à de très légers soubresauts. Il fait dans le ressenti, j’attends sa crue et merci, la cadence s’emballe jusqu’à optimiser le rendu.
On en est alors à la moitié des oeuvres, Around sautille alors vivement. C’est une galette de plus, alerte. Parti pour un sans-faute, Annabel Lee séduit et reluit. High Anxiety, sur batterie en vue, détale au gré d’une énergie sans butoir. Excellent! 247 peut retomber (un peu trop), il trouve sa place dans ce bel ensemble. Il s’anime sur son second volet, demeurant trop doucereux pour ma personne. Comedy fait un peu de même, avant de se boursouffler sous le joug de ses instruments. Le niveau s’obstine a rester élevé, on prend plaisir à la survenue des flux sonores qui jalonnent Drift. Spiders And Monkeys, le tout dernier, souffle pur finir une pop à la subtilité courante. Il permet une fin appuyée, en bourrasque, là où d’autres rétrogradent ennuyeusement. Annabel Lee, fiable, paraphant au final un LP qui de A à Z, comblera son auditoire.
Photo Maurice Jaccard.