Voix autotunées, samples électroniques glitch à souhait, violoncelle en lieu et place de la guitare, absente. Un fiel anti-système, porté par des postures DIY à bloc et des morceaux d’une audacieuse différence. Argentin, en révolte, Blanco Teta se passe de règles et privilégie l’ouvre collective, où chacun fait un peu ce qui lui passe par la tête, fourmillante. Ca nous donne, tout ça, un opus mémorable qui balaye large et fusionne autant qu’il peut faire dans la punkitude en prise de vitesse (RNR (Se me entanga el short)). Furieux, le propos groove et bondit. Shuga, pavé massif comme dansant, fait dans l’avant-garde. « Eletrorganique », c’est le terme qui à mon sens le qualifie (péniblement), il offre voix détournées, qui ici passent sans qu’on ergote plus que ça, et tourbillon sonore enivrant. Les dames, au chant, se mettent à éructer. Le rythme bastonne, le tout cartonne. Fichtre! Voilà aut’chose! Avec la puissance d’un cuirassé et le dansable des contrés mainstream, ici percutées par son désir de marge, le quatuor bousille les genres, qu’il cimente jusqu’à faire notre bonheur. Wifimental, noisy et vrillé, remet lui aussi l’église au milieu du village. Avec une irrévérence que le curé du coin, j’en jurerai, s’empresserait de conjurer.
Blanco Teta n’en a cure, il poursuit allègrement sur ses tons déviants. Me Kgo Nel Lauro feat. Lucy Patane, que sa basse charpente, trace et pèse. Il braille, aussi, un ressenti aussi rugueux que l’instrumentation qui l’enrobe. A l’instar de Nova Twins la clique de Buenos Aires crée du neuf, enfante de l’anti-format, explose à la gueule du monde parce qu’elle ne l’aime guère. Hoy No, le single, crache un son syncopé, truffé de notes brèves, de fulgurances sans courbettes. Il breake, sans pour autant se ranger. Pas le genre de la maison. Des bruits de sirènes déglingués, semble t-il, lacèrent le morceau. RNR (Se me entanga el short), cité plus haut, file à dos de cheval. Sans risette Blanco Teta, entendez par là « »blanc téton », tambouille ensuite un La Luz d’abord tranquille, saccadé avec animation mais de manière moins frontale que le reste. On sent, toutefois, qu’il pourrait bien glisser. La rambarde est en vue, on s’en tient toutefois à un groove spatial et sulfureux.
Créatif, Blanco Teta défriche des champs bien à lui. Ca le distingue, ça nous le rend d’importance. Perro, d’une pop cadencée de belle intensité, aux ritournelles qui s’habillent de coups de bélier, ne dit pas, lui non plus, son nom. Blanco Teta s’écoute, et va se voir, bien plus qu’il ne se classe. Rompe Paga feat. Satira, par le biais de soubresauts tarés, finit le job sans jamais décevoir. Engagé, Rompe Paga fait suite à deux ep’s et révèle un projet politiquement incorrect, donc favorable à nos esprits eux aussi opposants, dont l’écoute ravit nos attentes d’outrage sonore porteur. Et ça sort chez Bongo Joe, comme s’il était encore nécessaire de certifier le produit!