Duo lyonnais, An Eagle In Your Mind allie Sophia Achhibat (chant, harmonium indien) et Raoul Canivet (guitare, percussions, synthés). Lesquels, authentiques, enregistrent la plupart du temps dans leur vieux camion Mercédès aménagé en studio. Sans oublier, voyageurs, de tracer le bitume ici et ailleurs. En quête, ils le sont aussi dans leur son qui d’une base folk chatoyante, évolue vers des contrées mystiques et nacrées, à la superbe confondante, bordées d’ombre majestueuse. Le bien nommé Intersection, nouvel opus de la paire, en fait montre et s’il se fait court, instaure des morceaux à la durée étirée. On s’en passionne, Desert land qui lève le voile nous présente un canevas aussi céleste que grisé, au chant chaud et spatial. Le rendu tend, de suite, à nous attirer dans sa nacelle, haut perchée. Immersif, Intersection l’est. Assurément. On s’y prend, on s’y suspend. Ses belles notes, celles qui dénotent aussi, séduisent. Son envol aussi, irrésistible. On flotte. Storm, hypnotique à l’instar du reste, lance un mid-tempo passé au soufre. Et racé, à tel point que c’en devient insolent.
En termes d’identité An Eagle In Your Mind, je le clame, ne fait qu’en regorger. Ainsi Intersection, éponyme, souffle t-il des airs déviants, étincelants dans leur obscurité, bordés de sons merveilleux. J’adhère. La voix s’enflamme, le rythme itou. Hors-champ, l’homme et la dame n’en font qu’à leurs idées, nombreuses et porteuses. On your Shoulders, au milieu de leur disque, initie un nouveau trip. De grâce, de cheminement louvoyant, Intersection en ravira plus d’un(e). Organe et instrumentation, ensemble, bâtissent des textures passionnantes. Ensorcelantes, désorientantes. Avide de différence, soiffard de création en marge, à l’album je me laisse aller. Riverside et ses reflets bluesy de départ, entre éclat et écart, tombe du ciel. On flirte avec le sublime.
Photos Pierre Jaffeux.
Difficile à décrire, An Eagle In Your Mind se livre par l’écoute, par l’investissement dans son globe aux mille merveilles. Let me Ride, de ses motifs qui jusqu’à l’aube accrochent, suinte une intensité peaufinée, cadencée, à l’horizon troublé. On n’en retombe pas, ou très tard. La redescente ne s’amorce, ardue, qu’après quelques remous. Silver Plate, terminal, se chargeant de boucler l’épopée suivant un enrobage dénudé, dénué de rythme, en ultime cuvée d’un millésime de niveau tout simplement insurmontable.