A la Lune et après les phénoménaux Lalalar se tenait, non moins fréquentable, l’expo-concert dédiée à Léa Bozier, musicalement ponctuée par Le Sacre, talent dingue de la place amienoise, et les bien cinglés Infecticide, au registre électro-machin-chose des plus jouissifs sur scène, déconneur mais sacrément percutant. Et percuté. J’adore sur disque, dans l’antre lunaire j’escomptais un déluge qui me fut servi sans atermoiements. Mais avant cela, saluons bien bas la performance signée Le Sacre, superbe. Le local, que je situe entre Bashung, Daho et les Young Gods pour les sons ingénieux, bien spatiaux et triturés, s’est en effet fendu d’une série électro-pop dépressive, hyper-attractive, drapée de belles idées. Rythmée souvent, plus massive parfois, sa sphère capte l’attention sans avoir à forcer le moins du monde. Qu’il est bon, avec lui, de se sentir mal. On se sent si bien. Ton atone, génial. Mots agiles, désenchantement qui en nous s’enracine, à la clé la joie. On a envie, Le Sacre, de le sacrer. De le consacrer, gagné par sa froideur grinçante et quelque part, rassurante.
Le Sacre.
On Danse pour le vide, pleinement conquis. Ce live est un délice, à l’amertume dont on se gave. Merci Le Sacre, au passage sample-nous de la sorte, à nouveau. Les morceaux de ton Vestiges Vestiges, déjà probants, trouvent ce soir de confondantes versions. Ravi, on attend (im)patiemment Infecticide. L’un d’eux, sans expression, balaye consciencieusement la Lune. Quelques minutes après, c’est le trio qui morceaux fous à l’appui, dézingue les lieux. L’humour s’y greffe, l’impact électro-punk irrévérencieux de ces balafrés de la vie est tout bonnement énorme. Guitares féroces, voiture de police cramée, percus trépidantes et synthés allumés. Quant aux textes, il sont prétextes. Bagarre générale, jusqu’à trépas. L’arsenal est imparable, Tous Poussins on se fait voler dans les plumes. J’en oublie que demain, c’est lundi. Renversé. Ca virevolte, ça rentre dans ta gueule; dans la mienne, dans celle de ce putain de monde aussi. A Infecticide, n’existe aucun égal. New-wave au ton froid, pointes rock d’un tranchant furibard. Le Boys Band ne ménage personne, il distribue les tartes et nous colle des pains. Le festin est total. Sa zik, en plus, tu peux la choper gratos. Et si le vinyle tu aimes, alors cours au stand. Tu y trouveras, peut-être, celui qui a incendié la charrette de la maréchaussée.
Infecticide.
Sous Infecticide, passée à l’acide, au vitriol sonore, l’assistance entre dans une danse que les trois gaillards nourrissent, la faute à des titres-pitres qui sous leurs airs potaches ont bien des choses à dire. Ils cartonnent, en vrais tubes. En Animaux sauvages sous perf’ de rage. Orages de riffs, électro au groove déluré. Ce groupe a tout. Il est fou, il fait le con mais je te ficherais mon biffeton que tout ça est finalement très pensé. Et spontané, à tel point qu’à l’instantané nous nous mouvons comme des trépanés. J’aimerais t’y voir toi, quand Infecticide t’orage la gueule. Tu la boucles et tu t’agites, le chant décalé/mécanique (ta mère évidemment) te fait un drôle d’effet. Infecticide te déride, dans le même temps il te révolte parce que sur ce globe, il n’est que peu de choses qu’il puisse approuver. En réponse à la déconfiture, il te tartine son live et de ton être, extirpe le mal-être. J’aime trop, j’aime grave. Mourir c’est nul, ce dimanche on vit un peu plus intensément qu’à l’habitude et pour ça on remercie vivement Infecticide, auteur d’une prestation-choc située un bon cran au dessus de mes espoirs de départ.
Infecticide.
Photos Will Dum.