Projet impulsé par Nathan Leproust, Lorientais désormais basé au Mans, passé par Rennes, Nantes et les Etats-Unis, Teenage Bed fait dans la lo-fi « perlesque », sensible et allégorique, sur ce premier album intitulé Grand Val. On y trouve onze titres où trainent des traces de Grandaddy, de The Notwist, tout en sentant bien que notre compatriote puise avant toute chose dans sa propre matière. Il est inspiré, See you XX et son timbre flemmard entouré de sons déviants et bancals, superbes à entendre, fait d’emblée effet. Ride, dans la foulée, sonne folk, se déployant sans plus de hâte. Leproust égrène ses mots, ses maux aussi semble t-il. Ca lui réussit, son étoffe est fine et ses « accrocs » ont du chien. Il est vrai, à l’écart de tout faux-semblant. For maybe, de son mid-tempo enjôleur, confirme ses aptitudes. A la fois doux et acidulé, le morceau exerce une séduction au dénudé décisif. Come again (with Abby), plus massif, à deux voix pures, est lui aussi une belle galette. On y entend des guitares, bourrues, en contrepoint des deux organes. L’étayage, encore, est remarquable, mesuré, bien imaginé.
Dans l’élan La violence, plutôt pacifique bien que de rythme soutenu, impose sa patine. Le verbe plaira, la tonalité empruntée suinte par ailleurs le ressenti. Vrai, vous disais-je. Le propos s’épaissit, derrière se glissent des dérapages un tantinet rêveurs. Wired, aérien, se veut également dépecé, réduit au minimum. Lo-fi, mais cherchez pas les failles. C’est lent, tristounet, mais ça se transmet. However est de cette trempe, élagué. C’est avec Big sur, légèrement plus « vif », qu’on retrouve une vigueur proche de l’inertie. Le constat demeure, on peut vite s’en enticher. D’autant que reviennent, telle une douce obsession, les sons dont Teenage Bed a le secret. Pop Urbaine, frétillant, s’élève dans les cieux. La rêverie est de mise, saccadée. Honey (What’s The Deal), stellaire, chloroforme l’auditeur. Le tour est joué, j’aurais volontiers adjoint quelques sauvageries mais Grand Val, dont la fin tient en un Trouble(s) folky du coin du feu (de l’âme) délicat mais noisy en ses derniers instants, et c’est ça qu’est bon, nous réserve bien assez de bons moments pour qu’on lui reste fidèle.