Bermud vient d’Angers, c’est d’emblée un bon point. Il te cuisine un shoegaze que quand tu le goûtes, tu retombes direct en terres 90’s. Dans ce que l’époque en question, bien entendu, a pu nous livrer de meilleur. Chetter Hummin est le premier album de cette formation nouvelle, projet solo d’Elliot Aschard qui en live s’entoure de deux membres des Wild Fox (Jack Seager et Jean Desouche, respectivement à la guitare et à la batterie) et du leader du Thibault Bourgeais Grand Royal Club qui pour sa part tient la basse. Huit titres à l’accroche sûre, qui lorgnent aussi côté grunge et mélodie poppy dans le scintillement, suffisent à plaire. I’ll wait for you, sans plus…attendre, flirte avec Ride et joliment, au gré de textures vocales bien Nowhere, tape dans le mille. On tombe sous le charme, sucre de la voix et déferlement des guitares s’acoquinent dans l’harmonie. Ca prend, Fear chasse d’ailleurs toute forme de crainte en optant pour du noisy bien fougueux. Magistral, pris dans le mistral, le morceau n’en oublie pas, pour autant, qu’il peut reluire. Wasted, loin du gâchis, complète l’amorce avec, lui aussi, des atours écorchés qui cognent et dérapent. Ils se suivent, l’idée est bonne, d’accalmies patinées. Je valide.
Quelques coulées plus loin Enough, clairement plus posé, se passe de canaillerie. Il est beau. Il s’enflamme un peu, toutefois, en sa moitié, jusqu’à poster une fin-tempête. Et bim, on tamponne encore! Bermud marque des points, Day 2 souffle une pop espiègle mais aussi charmante. D’humeurs variables, elle ne rechigne pas à se faire excès. Elle s’habille, dans le même mouvement, de notes enjôleuses. Raging fever, un brin cold, prend le relais avec animation, avec vivacité, porté par une rugueuse urgence. Le sans-faute se profile, Wire l’entrevoit suivant un déroulé shoegaze rutilant. Si le terme, soit ce Soft dream majoritairement aérien, se fait plus dreamy, il n’en est pas moins attirant. Et, comme de coutume chez Bermud, serti d’élans plus osés. Chetter Hummin méritant de manière incontestable, au bout des courses, la mention et l’intérêt non feint de la caste indé de l’hexagone.