Décédé en ce 1er avril, en 1998, Rozz Williams de Christian Death eut été heureux d’entendre ce Honoris IV, bien bel hommage aux morceaux phare de sa formation d’alors. Treize versions dont le panel réitère avec impact la noire magie du clan, à commencer par notre fidèle serviteur HIV+, boss du label impliqué dans cette sortie. Il nous trousse en effet, sombre et funèbre, sec et martial, un Excommunicamus au mot obsédant. Le recueil débute in the dark, il y restera souvent niché et ses climats n’auront de cesse de griser nos écoutilles. JUDITH JUILLERAT – Stairs (Uncertain Journey), susurré avec une féminité parée d’électro nuptiale grinçante, est lui aussi un coup de maître. L’hommage n’est pas vain, je ne raffole pas des Tribute mais ainsi conçus, ils ont le don de me retenir. YEARS OF DENIAL – Cervix Couch, lent et sans joie, de chant lugubre, se propage avec paresse. Ce faisant, il imprime sa patte. En termes d’atmosphères, de sonorités qui percent les ténèbres, d’élans vaporeux se frayant un chemin jusqu’au jour qui ne viendra pas, on est gratifié. DER HIMMEL – In This Glass House, goth souillé, rythmé, le confirme. Suit SWESOR BHRATER – stairs, de motifs plus clairs dans les guitares, de chants alliés, qui entérine lui la valeur de l’opus. CLOSED MOUTH – The Blue Hour l’imite, sur des tons plus saccadés, tout en respectant la portée sonique qui caractérise les titres repris.
C’est de noir que l’on se pare, l’écoute refile l’envie de se replonger dans la disco de Christian Death, illico. Avant ça, profitons pleinement de DREAMSCAPE INVOCATION – Figurative Theatre, pénétrant, vocalisé depuis la tombe. Un morceau rouillé, vicié, dont la valeur et le groove mortifère résument bien l’esprit du clin d’oeil. SFD & DIAMOND DOG – Romeo’s Distress, au galop, remettant vivement au goût du jour une énième composition notable de Williams and Co. Ceci avec énergie, gouaille punk et guitares déchainées. Ca fait pas d’mal, notez-le bien. L’aspect direct ici de mise, en outre, étend le champ d’action tout en restant en phase avec l’éventail inhérent à Christian Death. Pour la petite histoire, au passage, c’est dans la piaule d’un ami étudiant qu’à l’époque, dans les 90’s, que pour la première fois Christian Death m’avait chopé les sens. BARON FANTÔME – Skeleton Kiss, percutant, en fait d’ailleurs autant. J’affectionne, quoiqu’il en soit, cette noirceur sans terme. STRANGER DREAMS – Haloes, fantomatique, finit par lui aussi fendre l’épaisse brume, bruyant et sans courbettes.
Sur la fin FORGOTTEN SUNRISE – When I Was Bed, sur voix à deux, jette une chappe syncopée, douloureuse, vociférant, qui sur huit minutes se permet de changer de tons. Il vire au narratif, calme le jeu, avant de reprendre son avancée hachée. LUNAR PATHS – Spectre lui succède, au gré d’une électro (semble t-il) drapée de brouillard. On en note, remarquable, l’étayage presque serein. Pas trop tout de même, Rozz n’en était pas non plus à croquer la vie. LONSAI MAÏKOV feat Marcel P. – The Angels, crooner sombre, de rythme à l’orée du tribal, l’honore une dernière fois, concluant un Honoris IV dont la qualité et l’unicité, eu égard à la fiabilité des formations sollicitées, n’étonnent guère.