Onzième album studio, aucune rature si on excepte celles, volontaires, estimées par nos soins, qui singularisent son grunge sans oeillères. Mudhoney, avec Plastic Eternity, frappe fort et juste. Encore? Et ouais gros! Sale et inspiré, il turbine de suite puisque Souvenir of My Trip, première roquette massive aux crissements cuivrés, beugle comme on aime et délivre, salvatrice, une giclée aussi psyché que dirty. Ca durera treize titres avec comme support, la connerie de ce monde. Les guitares se Stoogent, délectables. Almost Everything, presque kraut, de rythmique-serpent, est tout aussi galvanisant. Fichtre!, Mark Arm et consorts n’ont toujours pas l’air de nous faire risette! Ca me va très bien, des traces tribales émaillent le bazar et ma foi, c’est d’une force à tout péter. Cascades of Crap, plus poppy, impose des mélodies de choix. Attention, on n’est pas non plus chez Casimir et Hyppolite! C’est dans le crap, justement, que le truc se défile. Le niveau est, ici et encore, inaccessible à la concurrence. Flush the Fascists, saccadé, investit des eaux psyché triturées. Les sons sont imaginatifs, autant que déviants. Ca bruisse, le chant braille et déraille. Trop bon! Notes bluesy, bien destroy.
Plus loin Move under, d’une batterie folle, bastonne un grunge wild. On y greffe, parce que Muddhoney on est, des guitares sales mais de première main. Et zéro complaisance, ça va de soi. Up tempo, haine d’une planète qui marche sur la tête. Un tube grunge, je l’affirme. Solos tarés, dans le rouge. Riffs silex. Puis Severed Dreams in the Sleeper Cell, beaucoup plus tenu, perché dans le ciel. Mudhoney, de toute manière et quel que soit le chemin emprunté, torche de l’imparable. Roulements de tambours, embardée cinglée. Que de prestance! Here Comes the Flood, nouveau standard grungy pété de la cafetière. L’âge, sur ces gars-là, n’a aucune prise. Human Stock Capital, pas moins gicleur, alerte et remonté, ne s’en laisse pas compter. Dans la colère, le clan de Seattle trouve sa pleine mesure. Dévastateur, le morceau laisse place à Tom Herman’s Hermits pour un déroulé menaçant, sur le fil. Le son, forcément, lâche la rampe.
Dans le dernier carré One or Two, d’une sublime approche folk au jeu intense, se fait à son tour valoir. Cry Me an Atmospheric River, sur guitares excitées mais aussi subtiles, fait dans l’épileptique. On est derechef, ici, devant de l’élevé aux syncopes quasi, cette fois, funky. Ca breake, pour ensuite pulser à nouveau. Plasticity, où les instruments giflent une nouvelle fois, se fait bourrasque. Plastic Eternity s’injecte d’une traite, sans discontinuer. Il lessive l’auditeur, qui n’en demandait pas tant. L’album sort chez Sub Pop, as usual, et lègue pour finir un Little Dogs qu’Iggy en personne aurait cacheté à l’immédiat. Indispensable.