Après deux opus où son groove se parait d’airs cools Altin Gün, pour ce cinquième jet nommé Aşk, s’en revient à une énergie plus directe. Moins aérien, moins électronique bien qu’en demeurant imprégné, le disque dessert dix titres dont la plupart, largement au dessus du lot, annoncent de bien belles dates. Saz et guitare,; bien présents, colorent le tout de manière dominante et on renoue, heureux, avec les touches anatoliennes de la clique d’Amsterdam. Badi Sabah Olmadan, chargé d’ouvrir, en regorge. Il est vif, acidulé, rock et racé. Ca démarre fort, à n’en pas douter. Je danse à domicile, je chante en yaourt car la langue de Merve Daşdemir, à mon grand désarroi, je ne la maîtrise pas. Glissades psyché, tourbillon des instruments. Trip ultime. Départ en fanfare. Su Sızıyor, plus reptilien, impose une seconde danse chaloupée, du plus bel effet. Leylim Ley, entre ritournelles déliées et abords plus mordants, épars, ne manque pas d’attrait. L’impact est intact, l’esprit ouvert, le rendu sans défaut aucun. Musicalement, on ne se restreint pas. Dere Geliyor, bluesy-jazzy, de basse dub, fait dans le raffiné. Mais ses envolées, agitées, le bousculent avantageusement.
A sa suite Çıt Çıt Çedene, funky, tout aussi captivant, chemine jusqu’au mitan de l’album. Soniquement, les idées sont à nouveau d’une pertinence à toute épreuve. Lui aussi, d’apparence posé, propose des tourbillons remuants. Aşk, je le sens, risque de devenir addictif. Rakıya Su Katamam, d’une basse massive, hausse le rythme et claque un rock impétueux. 70’s, d’aujourd’hui aussi, pétri d’allure. Sauvage, également, dans sa belle parure. Canım Oy est à son tour enlevé, sulfureux. On navigue, ici, de titre fort en titre marquant. Ca revient au même, me direz-vous? C’est exactement ça et c’est une manière de dire que la galette, accomplie, mérite bien des visites. Kalk Gidelim illustre mes propos, dans une trame qui si elle se retient, libère comme d’autres de jolis geysers sonores. Semblable à nul autre, Altin Gün signe un retour studio flamboyant.
Ainsi Güzelliğin On Para Etmez, à l’amorce psyché, vocalement évocateur, élague t-il l’ensemble. Plus climatique, il privilégie l’ambiance et une forme de recueil. Ses notes flottent, sa cadence s’affirme sans percuter. Beauté, un brin enfumée, du résultat final. C’est ensuite et enfin Doktor Civanım, d’un allant funky endiablé, serti selon la méthode Altin Gün de sonorités virevoltantes, qui ferme la marche en accentuant les déhanchements. Son chant narratif, ses volutes vives, ses encarts électro en font un must de fin, ponctuent un Aşk de teneur tout bonnement irréprochable. Une merveille sortie en outre, ne changeons pas un label qui gagne, chez Glitterbeat.