Cette venue de Lalalar, mes idoles Turques d’Istanbul avec dans leur besace un Bi Cinnete Bakar de cuvée supérieure, je la guettais dans la fièvre. Pressé, il me tardait d’entendre, sur les planches Lunaires, leur enivrant mélange de rock, d’électro, de psychédélisme et d’effluves de chez eux qui emportent leur monde sans coup férir. Après un succulent rôti à la moutarde estampillé Lidl (celui du faubourg de Hem, s’il vous plait!), accompagné de frites au four « que t’as encore la peau dessus », je démarrai donc mon cheval de fer direction le quai Bélu, pestant après le lent, celui qui roule avec prudence. Je galère, une place toutefois se libère à proximité du restau U de la Veillère. Lieu connu. Je marche, vivement, vers la Lune des Pirates.
La sécu, lorsqu’il s’agit d’ouvrir, est en peine. Les grilles de la Lune, elles ont un siècle! J’exagère? Affirmatif, mais pas tant que ça.Bon bref, Omar EK déboule et libère, assez convaincantes, des nappes d’Orient qui sentent un peu l’encens. Des voix éparses s’en échappent, c’est rythmé et trippy. La guitare, parfois, épice le tout. Je m’attendais à pire, la surprise est bonne. J’adule Lalalar, l’attente m’irrite mais Omar EK, incontestablement, se distingue. Il est de plus sympathique, ça ne fait que renforcer sa prestation. Je suis bien, j’ai ce soir tout ce qu’il me faut pour bazarder la morosité.
Omar EK.
Merci Omar, ce fut bon! Le noir se fait, il me surprend presque. Bordel! Lalalar quoi! Je suis en joie et ne tergiversons pas, le trio stambouliote va liesser (entendez par là, mettre en liesse) la Lune, dans le flux d’un concert à classer parmi les meilleurs que j’ai pu voir ici. Si si et damned, j’en ai vu et revu ! Leader charismatique, propos engagés, registre éminemment personnel, dansable à souhait, élèvent Lalalar vers les sommets. Lalalar, c’est à part. Mordant de la guitare, exotisme de l’étayage. Chant typé, compositions fatales. Une fois, deux fois, trois fois et plus, je me dis que ce jeudi, avec sa gueule d’avant-dernier jour de ma semaine de travailleur social, renvoie une putain d’allure. J’aime la Turquie, j’aime Lalalar, il me dépose au portes du ciel. Hiç Mutlu Olmam Daha İyi, et bien d’autres, accroissent ma jubilation. Je suis fan, je suis conquis, je suis in the clouds.
Lalalar.
Hiç Mutlu Olmam Daha İyi, Turkish groove jusqu’à l’infini. Des motifs de bâ++++, comme cette frappe de Pavard mardi soir, contre l’Irlande. A chaque titre, un nouvel envol. Des encarts psyché, de la révolte chantée, un frontman qui dans la foule se démène tel le diable en chemise de sueur. Abla Deme Lazım Olur, grondant et désarçonnant. La Lune crie, et c’est pas fini. Lalalar, sans égal, régale. Yamyam, ses basses qui tabassent. Ses trames de synthés, 80’s, prenantes. Lalalar, tu t’en sors pas. Les vocaux Turcs, en outre, lui assignent un surplus de classe. Ici c’est chez moi, je suis dans l’émoi et me fous du lendemain. J’écoute l’opus, à l’heure où j’écris ces lignes, en oscillant dangereusement et vigoureusement sur mon fauteuil de bureau. Après deux rappels, plus posés mais tout aussi immersifs, Lalalar quitte la scène sous un tonnerre d’applaudissements. C’est bien le moins, en l’occurrence, que nous puissions lui offrir. Sa performance, tonitruante, fera assurément date dans la mémoire collective des convertis de la Lune.
Lalalar.
Photos Will Dum.