Kill the Pain unit l’australienne Phoebe Killdeer, auteure interprète du hit international Fade Out Lines, et la française Mélanie Pain, voix de Nouvelle Vague. Les deux dames, dans l’excentricité dotée d’électricité, fabriquent un registre étonnant, captivant et multi-genres, qui groove et prend des voies inédites. Neuf titres cimentent leurs idées, I do what I do les emmène sur un tracé funky à la basse ronde. On sent, on entend déjà, un désir de différence. Afro-beat, 80’s tantôt, chaloupé, de percus trippy, le répertoire de Kill the Pain instaure autre chose. Meditations, tribal, chanté avec féminité, se veut dansable et lorgne vers la fantaisie d’un Talking Heads. Il s’acidule, sous l’effet de ses guitares, sans perdre ses atours voyageurs. Les bassins oscillent, la joie se fait jour puisque de toute manière, il s’agit bien là de flinguer la douleur. Les basses slappent, Zig zag en fait et lui aussi, décisif, balance une salve funky irrésistible, déviante, alerte, bardée de sons fous et de textes en Français qui intriguent et suggèrent. Difficile, voire inconcevable, de résister à ça.
Plus loin Chiwawa feat. Dominant G, au flow hip-hop nourri, fusionne agilement. A son tour, il ondule et serpente, recourt à l’électrique qui file la trique, jusqu’à se frayer un chemin vers la persuasion totale. Kill the Pain bouscule la norme, fourmille d’initiatives, trace un Good girl syncopé qui en appelle au sensuel, relayé par des embardées hardies, au mitan des styles. La langue de Coluche revient, mêlée à celle d’ Eric Burdon, pour un alliage ajusté. Puis Flasback, électro-funk sautillant, aura raison de nos défenses, à l’instar de l’opus dans son entièreté. What have you been doing, selon les mêmes frétillements ornés de notes célestes, de guitares « fonkrok » éparses mais d’un bel apport, en reverse une jarre. On décolle? Non, on a depuis belle lurette, à vrai dire, quitté le sol.
Watch your step, dynamique, lance la fin en plaçant une sorte de RnB hybride, osé et trituré, offensif quand ça lui prend, de parfaite teneur. Les thèmes abordés sur le disque, de plus, touchent à l’humain et disent des choses significatives. L’excellentissime Woman, ode à la femme qui forte, encaisse et avance, terminant l’ensemble en filant vivement, à la fois rock, funk (mazette, ces guitares!), impulsif et chatoyant. L’affaire est pliée, on n’a d’autre choix que de constater qu’avec Kill the Pain, antidote rêvée à la morosité, on tient une trouvaille qu’on court le risque d’écouter jusqu’à l’intégrale addiction. Et ça sort chez Kwaidan, pour finir et histoire de faire (très) bonne mesure…