Composé de membres issus de groupes de Bologne (European Ghost, Two Moons, Melampus & Ofeliadorme), KIŠA a pour influences Nick Cave & The Bad Seeds, Crime & The City Solution ou encore Mark Lanegan. Il existe bien pire, il s’agit dès lors d’être à la hauteur et ce disque éponyme, qui recense neuf titres, démontre que le clan n’a besoin de personne pour y parvenir. D’emblée Dama, sur tapis de velours perlé d’ombrage, fait dans la classe. Il dépayse, de par son chant, et s’insinue sans effort dans l’esprit de l’écoutant. Il se retient, c’est un peu plus loin que KIŠA mordra. Same old black hole, saccadé, marie notes fines et vocaux racés. Déjà, le rythme s’affirme. Sans attente, on s’entiche des mélodies servies. Call it love, parachevant le trio d’amorce, prend des airs surfy mesurés. Avec lenteur, lui aussi souffle et dissémine l’élégance. On prend note, là aussi, de l’enrobage sombre inhérent à la composition. Beau à entendre, KIŠA prouve aussi que l’alliance entre briscards peut porter très loin.
Broken glasses, fissuré autant que groovy de par sa basse grasse, cold, serpente entre splendeur -de l’instrumentation, du mot- et brèches soniques de bon aloi. Desvelado, au mitan du boucan bien mis, vire à l’aérien flottant, truffé de sonorités lézardées. Le chant de Francesca Bono, dans un féminin relief, lui apporte du cachet. Sur le morceau précédent, Cristiano Biondo avait fait de même. C’est sur le fil, prêt à se faire soufre, que KIŠA se met en évidence. Le désespoir, outre son clin d’oeil à notre langue, qu’il « narrativise », renvoie les mêmes atouts. KIŠA joue joliment, il se plait toutefois à obscurcir son tableau. Ca lui sied, sans l’ombre d’un doute. Atoms & void, qu’un Lanegan n’aurait pas désavoué, lance la dernière ligne droite au gré de choeurs amples, suivant une avancée comme de coutume flemmarde, faussement tranquille.
Pour clore le tout Sailing anthem, venteux, de ritournelles douces-amères, garde majestueusement le cap. J’aurais aimé, en nombre moins restreint, quelques sorties de route. C’est l’écorché qui parle, il va de soi que l’opus en présence s’étend magistralement. Ici la cadence est plus vive; l’étayage, lui, demeure gris. Superbement gris. A la toute fin de l’expérience Lonely sun (instrumental), à l’atmosphère B.O., s’envole en laissant sa drum machine l’emballer. Il sert des envolées, sonores, qui font mouche. Il alterne, change de ton, concluant une rondelle éponyme dont l’accroche, au fil des écoutes, se raffermit jusqu’à complètement captiver. Le tout sortant, de plus, chez UPR où comme déjà dit, le catalogue mérite une réelle investigation.