Basé à Liège, Lux Montes, soit le projet d’une certaine Lucile Beauvais (autrice-compositrice et interprète) élabore des trames piano-voix épurées, teintées d’électro discrète, que quelques fissures viennent enhardir (Vision) alors que les lentes montées inhérentes à l’opus, ainsi que sa poésie sentimentale, en font tout le cachet. La Traversée, nouvel opus de la dame, éprouve la recette sur dix morceaux dont deux reprises, laissant Tu alma instaurer la premier déracinement, Andalou de nature. Au gré d’un déroulé posé, à peine bousculé par une rythme effacé, la beauté éprend place. Attention, l’ennui peut guetter mais la texture du disque permet d’y rester attentif. Il y a du trip-hop là-dedans, à la manière de Lux Montes. Flûte, violoncelle, saxophone baryton, violon et alto contribuent à démarquer la galette. Qui, à l’occasion d’un Le temps des galaxies dont on pressent la rupture -qui n’arrivera pas- confirme son cachet. Vision, cité plus haut, lui conférant la « déviance » qui m’amène, rassuré, à poursuivre l’écoute. Le trop beau, très peu pour moi alors les hérissements, je prends. En Vie m’en prive, il est pourtant bien mis.
M’est avis que La Traversée, dans l’intimité, peut se goûter. Surtout quand ses sons, ses crues majestueuses bien que trop bridées (à mon sens) s’en viennent le balafrer. Trop peu. Quoique si je clos les yeux, alors là peut-être…tantôt, me laisserai-je aller à ces flux de prestance. Angora (cover Alain Bashung, ouh yeah!), élagué, lui rend un bel hommage. Mais implose donc, Lucile! Le jeu est beau, rien à redire. Les mots ont de la gueule mais moi, je veux de la glissade. Du fatras, du patatras. La traversée, éponyme, ne m’exaucera pas. J’imagine pourtant bien, en live, la magie de Lux Montes. L’instrumentation sort, brièvement, de sa tranquillité. C’est là que je furète, un peu plus en phase, quand l’album tape des phases. Et met de l’emphase. Poumons bleus reste sage, le décrochage en moi commence à croitre. Des frémissements, malgré tout, me retiennent. J’en aurais fait, volontiers, des déferlantes.
Photos Gaëtan Streel.
La forêt endormie, d’un début feutré, développe une trame narrative qui lui sied bien. J’entends des incrustes, des images surgissent. Ca me va. Moins rangé, l’album me plait. Crossing the water (Poème Sylvia Plath), lui aussi « racontant », récitant, est suffisamment prenant. Entre ombre et lumière, La Traversée touche à son terme. Où sont les femmes (cover Patrick Juvet), joliet, le boucle en se parant de légères collines sonores, mesurées, qui laissent place au verbe. Je n’y reviendrai pas mais si Lux Montes m’offre un set alors j’en serai, désireux de m’imprégner au plus prés de ses compositions qui exigent, à la fois, immersion et réelle implication.