Uzhur t’aura à l’usure, il t’éprouvera jusqu’à ce que tu fuies. Uzhur unit Jean-Charles Bastion (vocals, synths, modular) et Romain Poirier (drum machine, bass guitar, feedbacks). A deux et sans concessions, c’est pas le genre de la maison, les mecs enfantent une noise énigmatique, fantomatique, criblée de sons en noir. Arnaud Rhuth (Le Réveil des Tropiques) y greffe des batteries, Mondkopf quelques synthés et six titres sanctionnent un projet sans égal, aux voix vocodées, que IC place d’emblée hors-champ. Sur sept minutes, on oscille dangereusement entre rythmes inexistants, déchirures sonores et genre sans nom, vaguement drone, qui à force de dévier finit par captiver. Ou décourager, si tu tiens pas l’choc. L’épreuve est rude, mais vaut la peine d’être surmontée. IC passé, on tombe sur ce FALS qui sans plus de normalité, finira par t’aliter. Ou t’aliéner. Les deux vont ensemble, me diras-tu. J’adore les voix, déshumanisées. Elles collent à l’époque. Elles angoissent, portent la poisse. Uzhur pourrit l’azur, Uzhur est en pleine déconfiture. Il divague, porteur d’une approche qui zèbre et syncope, qui erre et prive d’air. Me voilà converti: peut-être prendrai-je, bientôt, la poudre d’escampette. Pour l’heure, je reste.
Alors XULON, entre secousses béantes et inertie pénétrante, funèbre, provoque t-il mon adhésion. Il explose, indus, hagard, vrillé. GENUS (featuring Mondkopf) enchaine, ma psyché est malmenée. Il est spatial, fuse et plane, fait du bruit et laisse des ornières. GAMMA, après lui, envoie un boucan strident. C’est l’apocalypse, des sonorités perforées l’annoncent. Si LOGOS, à l’issue, parait s’assagir, ce n’est que pour mieux nous tromper. Sur les dix minutes ou presque, c’est une fresque sans couleurs, mais au relief vicié. Reviennent, pétrifiantes, les voix de l’au-delà. J’en suis épris, je suis mal pris. C’est de l’extreme noise, à sortir chez Nahal Recordings où officient Paul Régimbeau (Mondkopf, et ouais…) et Frédéric D. Oberland (Oiseaux-Tempête…). Tu comprends mieux ou faut reformuler? Uzhur est dur (au mal), Uzhur n’est pas pur mais une chose est sûre; son opus, intransigeant, instigue une expérience unique.