En août 2020 déjà, et derechef, notre vétéran buriné François Long nous séduisait d’un Breathe à couper le souffle. Ce n’était certes pas la première fois, ça ne sera sûrement pas la dernière non plus et Get away, son nouveau LP aux dix titres rutilantissimes, en apporte la preuve sans jamais plier. Mû par une énergie, une mélodie aussi, qui groovent de partout, il nait au son de ce Heaven dans le ciel perché, psyché, avant de tracer un rock belliqueux. Bowie en ligne de mire, as usual, mais avec sa touche. Donc avec classe. Inner light, fulgurant, suinte des guitares guerrières. Refrain à retenir, composition percutante. Secousses à la Earthling, attaques décidées. Les spirales de Long, telle celle de sa pochette, forcent le respect. Jump the gun, strident, spatial et cordé, régale à son tour. Le son est bon, c’est ch’Bé qui s’y colle alors tu penses bien, on est loin du daubesque! D’ailleurs The night, mélodieux mais aussi acidulé, m’en ressert une bolée. On relève, ici aussi, l’étayage, hautement qualitatif, et la portée du chant. Night flight, dans une fumée qui lentement se dissipe, nous embrume avec délices. J’ai bien l’impression, à l’écoute, que l’amienois nous refile là sa masterpiece absolue. Je n’en doute plus quand Under control, de chant susurré, un brin funky, me rallie de manière fatale. On y entend, encore, des sons dont on s’entiche.
Plus loin Don’t know, puissant, balafré, m’enfonce dans la dépendance. Indus un peu, sauvage comme je le souhaite, il montre lui aussi les crocs. Long joue de tout, et ne foire rien. Incrustes électro, pénétrance d’un rock de tout premier ordre. Tomorrow love, perle et re-perle, bénéficie de l’apport d’un Hervé Mabille dont le saxo nous fait perdre la boule. Je tombe in love, sans résistance, de ces salves dépaysantes qui ornent le titre. Le sax délire, un break se pose. Dis donc François, quand est-ce que tu nous performe tout ça en live? J’ai hâte, pour l’heure Get away allège mon impatience. Night flight II, céleste, au rythme pataud, insinue une nouvelle embardée. Il grimpe, sans hâte, dans un velours prog que la basse fait tanguer. Il va sans dire qu’une fois de plus, Get away se pare de la meilleure des vêtures. Son oeillet sur le veston, Who do you really wanna be, claque une pop-rock qui euphorise. En volutes appuyées, le saxo y tenant une place marquante, voilà une issue sans appel. Et par conséquent, un album d’une perfection sans interruption, troussé par un bonhomme sur qui l’âge n’a visiblement aucune forme d’emprise négative. On tendrait même à prétendre, après audition, que notre précieux François se bonifie encore au fil des années, l’opus en présence le créditant magistralement et dans une remarquable constance.