Lillois, diversifié, Nor Belgraad sort son premier album. Eponyme, celui-ci ratisse assez large. En huit titres, il parcourt un spectre étendu et parvient, dès son début, à choper l’oreille. All I know, en effet, lance et affine une électro légère mais affirmée, un brin funky, qui vole au vent et se fend d’une envolée presque prog. Si si, mais sans l’ennui que le genre peut générer. On sent, on entend, de belles idées et de bonnes intentions. D’ailleurs Rapture, dans la lignée d’un LCD Soundsystem, ou d’un Nasser par chez nous, rock et électro, n’est pas de trop. Lui non plus. On danse, déjà. Entre groove et acidulation, Nor Belgraad prend du grade. Seafoam, subtil mais animé, étire son champ. C’est toutefois quand il s’emporte, débridé, que je préfère le clan du Nord. The Kiss, traversé par des sons de là-haut, vire quasi psyché, mais sans s’y restreindre.
Nor Belgraad, je l’affirme à mi-chemin, s’en sort bien. Washed Out Kid, à la basse ronde, dérouille les corps. Lui non plus, et tant mieux, ne se qualifie/classifie pas. Les voix s’y complètent, dans deux registres tranchés. Là encore, ça ondule avantageusement. On a même droit, bienfaisantes, à des incartades bourrues qui se brisent pour laisser place à un terme perché. Landmarks, rythmé, mélodique mais agité, fait la différence. Sans tournebouler la mappemonde musicale, Nor Belgraad y dépose un disque de qualité, à sortir chez Howlin’ Banana.
Ca na gâche rien, vous l’aurez saisi. Can’t Write serpente, d’une trempe électro-rock, encore, de bon aloi. Ses motifs sont beaux à entendre, le trip vaut le coup d’être initié. En toute dernière place Can’t Play, riffeur, vigoureux, use de sons qui derechef, font leur effet. Nor Belgraad, sans creux rédhibitoire, livre donc un LP de début porteur de réels espoirs, dansant, souvent inspiré, que ses lives mettront sans nul doute en relief.