Après leur Garage is dead, au mitan de 2020, les Rennais de Clavicule allient signature chez ATRDR, et Le Cèpe Records, piliers de l’indé de qualité, avec à la clé de furibard Full of joy. Full of nerve, il délivre dix pavés tranchants, vitaminés, à l’odeur garage mais qui refusent de s’y cantonner. On pense, souvent, à We Hate You Please Die ou encore Johnny Mafia, référence s’il en est de cette mouvance qui par chez nous ne fait pas dans le mou. Painkillers, riffeur, croisé entre mélodique et impactant, frappe déjà juste. Il braille, joue fort, fuzze et dégouline. On a là, somme toute, tout ce qu’on est venu gober. Total happiness, le titre inaugural, bref, n’est venu que pour lancer l’assaut. Celui-ci est tendu, d’un jet ou presque, solidifié par I Will Let You Know qui dans l’urgence, dans la fougue débridée, fonce droit devant lui.
C’est bien parti, c’est bien entendu d’une traite que l’opus s’injecte. Quelques motifs clairs s’incrustent, jamais trop. Ils sont, toutefois, bienvenus. Do It, Stoogien en son début, fait péter un rock cadencé. En muscles mais pensé, Full of joy balourde l’allégresse. Il mord les fesses, fait un break, repart à toute berzingue. Il dézingue. Sans ne faire que tracer, il offre une diversité, mesurée, qui le rend cohérent. Wilted Flowers, sur plus de sept minutes, éruptionne. Il bouillonne, se tempère, laisse baver ses grattes. Son élan se coupe, aux portes du psyché. La batterie roule, s’enrage, pour une fin pleine d’allant. Rockets, rock’n’roll, pose une sixième salve pétaradante. Garage is not dead, for sure! Up tempo, la galette se dévore de suite. You, poppy, scintille. Clavicule aborde d’autres terres, avec le même succès. Et sans perdre, on s’en doutait bien, de sa force de frappe.
Photo Laura Parize.
Quelques (bonnes) notes plus loin Destroy Me Again, impossible à endiguer, relance la turbine. J’entends, ici, Jay Reatard. Des sons subtils s’asseyent, parfaitement trouvés. Queen Blizzard & The Sitar Guitar, énervé, dépaysant, entrevoit la dernière ligne droite sans rater le virage. Full of Joy est un argument de poids, qui a de plus le bon goût de prendre fin dans une galopade bien sentie. INET (Move Slow), c’est son p’tit nom, marie sévérité et chants polis (enfin bon, pas trop tout de même…), coups de boutoirs toutes flammes dehors et vocaux appuyés. Ca fonctionne sans forcer, on tient là et au bout des courses un album bonissime, à l’artwork signé Emy (Arrache Toi Un Oeil), détenteur de compositions à l’agitation fort bien maîtrisée.