Duo niçois, Dada Rose paraphe un Asphodèle sans modèle, constitué avant toute chose de sa propre matière. Sa formule (Saxophone : Benoit Zellal; Drums : Nicolas Brisset) le lui permet et ses sept titres, expérimentaux, l’écartent de tout format convenu ou parvenu. Achab, première éruption, marie avancée hagarde et sonorités angoissantes. Il erre, laisse des traces -sonores-, dépayse. Le saxo y couine, feutré mais aussi détruit. La frappe est éparse, mais marquée. D’entrée de jeu et sans qu’on ait pu le prévoir, Dada Rose déroute. Il hausse le ton, dans un fracas de tambours. Puis arrive Variation et Ascension, sur plus de neuf minutes hypnotiques. Qui, à l’envi, se parent de soubresauts prenants. Free et personnel, l’album joue avec les sens. Il demande effort, immersion et assimilation. Accédez-y, vous ne le regretterez pas. Son bruit porte ses fruits, son jazz est loin d’être naze. Ses sentiers, sinueux, se filent des airs de piste rouge. Qu’om aime à emprunter, car si pentues elles sont, elles requièrent et méritent toute notre attention.
Iris, lunaire, grisé et, dans le même mouvement, lumineux, irisé dirai-je, étend le champ. La trouvaille, je le clame, est d’importance. Asphodèle, éponyme, déploie un charme jazzy au terme agité, syncopé. L’objet sort, on l’en loue, chez Araki et Arsenic Solaris. Pâris, où le saxophone délire, où la batterie se hache, captive par ses méandres. Son côté fou, instinctif. Thorne et Morris, d’une matière à nouveau insidieuse, se met presque à nu bien qu’on sente, en arrière-plan, la possible implosion. Mais non. Dada, en toute fin, propose un canevas presque serein, tout juste « troublé » par le jeu de Nicolas. Qui en compagnie de son acolyte, sur un projet à l’identité affirmée, pose une première pierre bien campée.