Joie, folie, démence du mot, crachin de sons, revoilà les Brestois! Les deux zigues de Maman Kusters, et leur Petit chaos de, nous refont le coup de l’embardée dans un monde taré. Sur neuf nouveaux titres, agrémentés de cinq remixes dont ils ont le secret, ils capturent nos sens et les piétinent, à grandes giclées d’EBM pulsante, obsédante, que Lune froide inaugure en faisant (très) bonne figure, On est là encore, comme sur d’autres efforts antérieurs, dans une nuit troublée. La poèsie du duo, intacte, résonne dans l’angoissant. Les voix se répondent, une trame sans espoir se tisse. Contrôle du corps absolu, spatial, s'(et nous) emballe. C’est d’la balle, qui nous met à mal et nous fait du bien. L’OVNI please love me, vocalement robotique, place une troisième banderille décisive. Je suis, déjà, conquis. Pas toi ? Alors continuons, sur ton chemin se dresse un Happy meal qui risque pas de passer chez Mc Do. Nan parce que Maman Kusters, c’est du vrai. Loin des chaines, le projet fait foi. Le morceau castagne; la voix, elle, demeure songeuse, forte de textes en délire, en fièvre, en verve.
Le petit chaos fout un peu le bordel, se trémousse dans le noir ou dans la brume, c’est selon. Marie si contraire, aux vocaux qui haranguent, me rallie grave. A maintes reprises, sur ce disque, on entre en phase totale avec le créneau de niche de Maman Kusters. C’est presque du synth-punk, sur ce titre en géniale déraison. Le trappeur à très peur, à nouveau l’inquiétude point. Choc des sensations, désarroi à son paroxysme. Pychokiller, comme sous produit, nous en met plein la vue. On flotte, on quitte la sphère, c’est en lisière que toute sortie estampillée Maman Kusters trouve sa juste et pleine (dé)mesure. Ca fait juste un peu mal…
Pomme-pomme girl, d’un duel de voix que l’on retient, de rythme sec sur lit de groove nébuleux, enfonce l’enclume. Suit Les termes définitifs, dénué de rythme. Ca n’empêche guère, toutefois, l’impact, plus délié, en prélude à une charretée de remixes. Ceux-ci débutent avec Happy Meal (remix by Gareth Jones), haut perché. Noir. Flippant, alors délicieux. Il déblaye pour Les Termes Définitifs (Remix by HIV+), à l’effet quasi similaire. Une plongée dans l’autre monde, dans celui de deux hommes qui aidés de leur « relecteurs » prolongent merveilleusement l’immersion dans un Petit chaos dont on ne peut plus se dépêtrer. Le Trappeur a Très Peur (Hypno remix by Marc Caro), grésillant, en referme d’ailleurs la trappe sans qu’on puisse s’en extraire.
L’écoutant, à n’en pas douter, en a pour son compte. Maman Kusters, pourtant, continue à l’enjoler. Marie Si Contraire (remix by Fançois Joncour, pas un manche non plus celui-là) couple narration et textures insistantes, en synthés déglingués, jusqu’à lui aussi rallier. Enfin Traumen androiden (Remix by Insider), dans une course nuptiale qui fend la brume et déshumanise son chant, troué de sonorités fusantes, le confirme : Cyril Pansal et Gaël Loison, au sommet, nous jouent là le tour du retour accompli, dans la lignée d’une discographie qui ne l’est pas moins, aidés en cela par une poignée d’acolytes égaux en talent.