Groupe toulousain à l’existence éphémère, post-punk, new-wave et bien plus que ça, éclectique et dynamique, Les Fils de Joie nous font…la joie, vive, de rassembler quarante ans après leurs débuts leurs morceaux marquants, entre efforts initiaux, album n’ayant jamais vu le jour et morceaux moins datés. Le label de leur ville, Pop Sisters, édite donc Nous ne dansons plus la nuit, qui nous fera pourtant tournoyer jusqu’au bout de celle-ci. Du délié et colle aux basques Adieu Paris, au terminal Le requin vert qui groove dans un format pop clair et enlevé, un tantinet surfy, ici tout n’est que gaufre. Savoureuse, croustillante, à s’en envoyer tout l’paquet. Nous ne dansons plus la nuit, au dessus du tubesque, cachète d’ailleurs un début merveilleux. Pop, rock et bourru, voilà le genre de compo qui s’écoute sans jamais compter. Dans son sillage, il en entraine ensuite bien d’autres. A commencer par Puisqu’il fallait partir un jour, vif et sobre, aux textes qui touchent. Choeurs en sucre, son plus offensif, nul besoin de plus pour qu’on l’entérine. Tout comme Sur la route d’Ainhoa, folky, alerte, aux chants alliés dont l’un féminin. Joey Ramone en est, évoqué dans le texte. Ca crédibilise d’autant plus le rendu.
J’appelle par-delà les mers, d’une étoffe subtile au rythme sautillant, fait valoir sa patine, à son tour. Le chant en Français, élevé, passe crème. Allongé sur la dune, électro-pop, aussi entrainant que ce qui le précède, pétille. Chez Les Fils de Joie, on n’en rajoute pas. Encore une fois dans l’ouest, ska, ourlé de motifs plaisants, ravive la danse. Son refrain est à scander, partout où tu t’pointeras. Ses rimes portent, à sa suite Encore et encore (Bob Radar) charme de par son joli visage. Léger, il ondule au gré d’une douceur nacrée. Merci Pat Kebra, grand défenseur de la sphère indé, de m’avoir postalement gâté. Tonton Macoute, exotique, cuivré avec goût, mord et dans le même temps, pose sa vigueur. Comme un animal, chargé de lui succéder, le fait en se parant de sons détendus. Les cuivres y reviennent, on est là et de nouveau dans une imprenable qualité. Le refrain, comme ailleurs sur le recueil, fait mouche. En toute simplicité. L’imparfait, sous couvert d’erreurs, n’en fait aucune. Bon de toute façon, au bout du compte, l’amour persiste.
La fiabilité aussi, malgré le prétendu perfectible. Alors Ultime pogo, griffu, de vitesse punky et d’étayage mélodieux, présente juste avant la partie bonus une trogne réjouissante. Le premier de ces dons, Le Bon Dieu n’a pas voulu de moi, prend des airs folky de toute beauté. Tranquille, il met ses syllabes en relief. Bien orné, il brille. Indochine souviens-toi, « westernisant », galope sans se retourner, si ce n’est sur le passé. Quinze plages, quinze preuves de talent. Le requin vert, cité plus haut, ne déméritera donc (surtout) pas. Racé, Nous ne dansons plus la nuit remet au goût du jour, avec prestance et dans l’excellence, un groupe qui méritait, très largement, d’enfin réinvestir les mange-disque et écoutilles de la caste des avertis.