Je l’attendais ce retour, après une poignée d’albums à mon sens perfectibles. Le come-back de Treponem Pal, nommé Screamers, voit la clique emmenée par Marco Neves allier groove et lourdeur, synthés qui dépaysent (l’excellent et pachydermique The fall, sublime ouverture), guitares dures et chants haineux, pour un rendu persuasif, incisif, décisif. Que Out of mind, rentre-dedans, consolide tel un bolide. On retrouve, dès ces deux titres, la force du Trepo qui jadis nous fit la peau. Epiderme que Screamers, entre Excess et Overdrive, fait à son tour saigner. On sent, on entend, que la clique des cinq s’est retrousse les manches, partie à l’assaut de nos réticences. Trio gagnant, donc, pour l’entrée en matière et on est encore loin, figurez-vous, d’en avoir fini. Too late, dub et riffeur, tribalise le tout. Il mue psyché, tout en restant trippant. Pénétrant, il nous marche sur la trogne. Qu’il est bon, pour le coup, de se cogner de telles salves! Psychedelic trip, rythmé, cinglant, intensifie l’opus.
Des scories désorientantes, de plus, s’invitent au bal et ça fait pas d’mal. Plus loin Badass sound system, sous samples qui emmènent, assène une nouvelle beigne. Indus, Killing Joke, voix toute en défi. La réussite point, évidente, à chaque recoin de ce Screamers à la vigueur, et à l’inspiration, salvatrices. Machine, métal aux grattes Prongiennes, nous traverse le buffet. Digne d’un Cleansing, d’un Rude awakening. C’est dire…bon là je capitule, Treponem Pal s’écoute en l’occurrence sous risque accru de contagion définitive. Earthquake, de motifs bien placés en assauts de guitares que la section rythmique décuple, remet de la crème dans le cornet. Ca promet, je vous l’affirme, pour les lives à venir! Energique, sans défauts, Screamers boxe et t’envoie dans les cordes. La batterie s’emporte, après ça je dégote ce Crazy woman vaillamment posté, impactant, entre force et conviction. Trepo malaxe les genres, avec la pertinence de ceux qui depuis belle lurette, ont cessé de conter fleurette.
Sa galette synthétise, magistralement, tout ce que son parcours draine et fait germer. En fin de liste Cosmic riders, tranchant, éléphantesque, s’habile de synthés qui, tout comme sur l’amorce du bazar ici décrit, imposent des canevas prenants. Dénué de faiblesses, Screamers is on fire. Heavy load, dans l’équilibre entre sons du ciel et force de frappe, entre vice et délice, entre reggae dévié et groove jusqu’au bout du dansable, au delà du pogotable, renverse la table. Il peut se le permettre, je suis pour ma part repu et convaincu. Je jurerais qu’à l’écoute, beaucoup me rallieront. Treponem Pal, régénéré, se préco via ces liens et se paye avec panache, via son skeud sans taches, une cure de jouvence sacrément accomplie.