En 1982 sortait ce disque, passionnément loufoque, d’ ETRON FOU LELOUBLAN. Un manifeste pop éclaté, dénué de contraintes, qui se jazze et se cuivre, qui s’emballe et déballe. Avec, en son sein, de vrais morceaux d’expérimentation. Replica Records le ressort en ce mois de février, on le sait friand de parutions décalées et là aussi, là encore, on le plébiscite pour ça. Les trois zigues, voués à l’aventure, convoquent un Nicolas qu’on n’imaginait pas à pareille fête. Funky, presque reggae, serti de notes cinglées dont on ne sait d’où elles viennent, le morceau groove dans un bancal génial. J’en renverse mon chocolat, sur mon matelas. Le chant crie, le rythme bastonne, oh putain c’est jouissif! ETRON FOU LELOUBLAN, son vinyle bien foutu, tu dois te l’payer! Mimi, plus…euh…posé, schlingue la classe déviante. Lui aussi s’affole, minimal et tellement maximal. Il narre, fait textuellement le fou. Exposition universelle le relaie, sur batterie rafale. Cherche donc à la qualifier, tu seras bien emmerdé! ETRON FOU LELOUBLAN, Les Poumons gonflés, s’égosille à se différencier. On l’en loue, c’est là qu’il convainc. Nicole, groovy-jazzy, allie mot fou et frémissements déments. La musique, pour le moins fantaisiste, s’évertue lui aussi à quitter les rails. Il le fait bien.
Christine, au galop, se noise et se hache. Mazette, ça chope les sens ce bazar! La raison en prend un coup (de latte). Et le pire, et ouais gros, c’est que ça se danse! Enfin, pas trop normalement hein! Ca se danse en transe, ça sort des gonds, ça fait le con. Those Distant Waters, s’il instaure l’Anglais, n’en est pas moins barré. Il fait des vrilles, zèbre le ciel, hypnotise sans rémission. Upsalla fait la fête, guilleret dans ses sons. A l’instar du reste, il invente une sarabande. Nouvelle, entrainante et galvanisante. ETRON FOU LELOUBLAN, comme le suggère son nom, échappe à mon lasso. La discipline, c’est pas son truc. Io Prefero, aux humeurs instables, étend le délire et fait du rodéo. Pas l’sou, qui t’en donne pour ton argent, balourde une rengaine-bonbon et c’est juste trop bon. Dérisoire et méritoire, bien mis et insoumis, fauché et déglingué, Les Poumons gonflés te contraint, une fois l’écoute initiale passée, à le rejouer encore et encore. Un peu comme ces albums, uniques, qui par leur airs qui ne manquent pas d’air traversent les ères sans subir l’épreuve du temps.