A la Lune se tenait, ce jeudi de février, une paire australienne à l’attrait imprenable. Les bien nommés Cool Sounds, de Melbourne, y ouvraient en effet pour Nathan Roche qui lui, crèche par chez nous depuis belle lurette quand bien même il se trouvait, en l’occurrence, en quête d’un toit pour le lendemain car samedi, c’est à l’AF qu’il se produit et ce, dans une formule duelle différente de ce qu’il nous lègue ce soir. Je blablate, as usual. Me revient soudainement en tête mon entrée dans l’antre lunaire, ici appréciée, là-bas rejetée. De vieilles histoires, que d’aucuns ne savent oublier. Muris donc, mon bonhomme! Qu’à cela ne tienne: ma Brewdog Punk IPA de prédilection, mentionnée à chaque article, me requinque. Je scrute, en vain; ch’Damdam, à qui je souhaitais en offrir un godet, n’est pas visible. Maudissant -avec estime- ce gredin, je regagne les gradins. Prétentieux, je clame à mon voisin que ce soir, c’est le père Roche qui ouvre le bal, les hostilités, de son impactante nonchalance. J’ai tout faux, ça m’apprendra à feindre la certitude! Le clan mené par Dainis Lacey, d’une pop sans bornes, déblaye le terrain pour sa digne suite. Trop polie, mais bariolée et audacieuse bien que trop réservée à mon sens, sa teinture est faite, quoiqu’on en pense, de Cool Sounds qu’on se plait à accueillir. Ca joue funky, ça ose le dérapage -contrôlé- et le choix est pertinent. Cool Sounds explore et, sans se montrer totalement débridé, assure une série de qualité assurée. Cool Sounds?? Totally guy! J’ai reçu l’opus, à sa sortie. J’en ai pas parlé, c’est assurément un tort car ceux-là méritent les distinctions.
Cool Sounds.
Avec mon voisin, d’Amiens puis d’ailleurs, puis revenu, je bavasse. Il faut bien tuer le temps, les entractes j’aime moyen. Heureusement Nathan, de son accent chantant, sonne le rappel. Il est marrant mais aussi, et surtout, il pue le talent. Son gang l’épaule, au poil. Dans un rock, nacré comme offensif et vénéneux, qui m’évoque autant Lou Reed qu’Iggy dans la force verte de son tout récent Every loser (Ground zero, impeccable), le chevelu allume la mèche d’un gig nerveux, sans omettre les mélodies, moucheté de Cool Sounds cette fois rugueux comme ils peuvent rutiler. J’avale tout, l’élixir est trop bonnard. A break away, sorti fin 2022, sert de socle à une prestation enthousiasmante. Exigeant, je ne trouve pourtant rien à redire. J’ai beau chercher, guetter le morceau qui plie; j’échoue. Mais j’adore. Nathan a de l’humour, il se dit perdu mais nous a gagnés. Ses collègues, à l’unisson, font les polissons. On percute un live racé, bien campé, en muscles comme en mélopées, qui flemmarde pour plus loin, mordre les fesses. Modeste et remarquable, Nathan Roche imbrique patine et morsure, bure et soie, en charpentant l’ensemble par le truchement d’une valeur musicale audible. Sans en rajouter, avec efficience, il optimise notre Thursday. Les guitares retentissent, la rythmique file sans perdre le fil, l’enfilade vire à la régalade. La venue de Nathan Roche, concluante, nous le révèle, ou nous le confirme, plus sûr que jamais. C’est bien le moins, je quitte la Lune comblé et léger, ragaillardi par une prestation largement à la hauteur de ce que valent nos amies Aussies.
Nathan Roche.
Photos Will Dum.