En 2019 des ex-Streets Of Rage et Brute Minou forment Rancoeur, justement nommé. Une clique de nancéiens qui ne croient plus en rien, mais jouent et braillent avec conviction. Des anti-fascism, « cold oi », comparés à des formations comme Oï Boys ou Syndrome 81, qui après leur premier EP glaviotent un album tout en Rancoeur. Un mitraillage en règle, déréglé, d’un vinyle noir tout en sombre beauté, qui s’amorce sur un titre éponyme cold et Curien. Avant, furieux, de claquer son dawa rythmique. Boudiou, sont pas contents ces trois-là! Mais ils mettent, dans leur tir au Famas, des mélopées. Urgentes, mais des mélopées. Ca passe crème, j’y retrouve de plus la même ferveur enragée que chez Oï Boys, vus ce mardi soir dans ma ville d’Amiens et que c’était bien! Un autre futur, dans notre avenir, déboule. Remonté bien sûr, mais fort de guitares un brin plus dociles. Et ça marche bien. La basse se gèle, écouté sur sillons c’est encore plus bon! J’allais dire meilleur, mais ça rimait pas. C’est L’enfer, mais on le vit bien. Je comprends pas tout, mais je saute partout. Je suraime, et je le dis, cette mixture force-beaux airs bien dosée, rentre-dedans, à la grammaire insoumise. Roulette russe, débridé comme jamais, tire à vue.
Dans la pochette; en plus, t’as les paroles. Alors tu peux faire le mariolle, faire semblant de tout connaître, et gueuler ton désaccord. Les « Oh-oohh » de Soledad, ses riffs tout en muscles, en reversent une lampée. Avec Angoisse, rapide et intrépide, Rancoeur vire furie. Son noire galette sort sur des labels chez lesquels, à la pelle, on enfourne les galets. Braquage, en castagne, force le coffre. Ses chants virils et alliés lui filent du relief en plus. Rancoeur ne rigole pas, il n’y a de toute façon pas de quoi. Errance, au début clair, s’endiable ensuite. Il y a là une unité, dans le ton comme dans le jeu, ou encore dans le propos, qui met tout le monde d’accord. Ceux de Rancoeur, eux, sont basiques mais marquants. Et efficients. Crève coeur, en hommage à Daniel Darc (je blague, mais j’aime le mec), au refrain que je chanterai demain, avec entrain, se lance dans une dernière ligne droite que La dent creuse parcourt mélancoliquement. Il laisse finalement place à Suicide, cover -de goût- de Camera Silens, aux subites accélérations. J’ai tout dit, si t’es pressé tu peux te filer l’envie ici, ça t’obligera à l’achat et m’est avis que tu ne le regretteras pas.