Avec Mata Hari, vanté par ici, tu te feras pas Béziers. Le trio du sud, après l’ep mentionné plus haut, signe en effet un Remain silent révolté, tout sauf silent, poing serré à la face du monde. Son urgence est punk, son fond cold, post-punk. Il rentre dans le lard, il groove aussi car sa basse, omniprésente, le fait bondir et chalouper. La manif’ débute au son d’un Seven zoo aux riffs crus, en bataille, au galop et surtout pas de trop. On le sent, on l’entend, le discours se tend. Mata Hari est sûr, plus encore, de sa force de frappe. Diantre! S’il maintient ce cap, il en est cap’, il sera alors doté d’un répertoire scénique, et studio, de bon augure. Il trace à la rage, ses mots suintent la rancoeur. Interference, tout aussi tranchant, pose un deuxième parpaing décisif. A intervalles réguliers, des sonorités mélodiques se greffent à l’offensive. Les refrains braillent, il est dès lors bien évident qu’on n’est pas venu pour cueillir des tulipes. Les guitares loopings, dérapent. Le cadence, elle, reste dense.
Deux morceau et déjà, le sentiment d’un bel enracinement. Traffic, d’une poignée de synthés pas très chauds, minimaux mais à la maximale portée, resserre l’étreinte. Mata Hari, insoumis, ne décélère pas. C’est sur du tempo élevé, sur un jeu colérique, qu’il percute nos mange-disque. On s’en contente, un peu plus que ça même, car c’est bel et bien ce que nous attendions de lui. Nous lui faisions confiance, il nous le rend bien. Solide, il a pour base le label No Need Name, à Montpellier, et sa galette se préco à cet endroit précis. Pour huit euros, qu’il vaut assurément.
S’il fallait encore convaincre Political, dans la putain de sale trogne du libéral, sonne Clash et dresse les barricades. Il Clashe, en effet, et distribue des vocaux insurgés. Il calme le jeu, sans s’étendre. Puis sa fin, turbulente, en assied l’impact. Alors Dysphoria, dans un premier temps finaud dans ses guitares, balance une ultime châtaigne. Sur un tom immuable ou presque, ce qui a pour effet de renforcer ses fondations, Remain silent permet à ses créateurs de franchir, avec maestria, un pallier supplémentaire vers le statut de référence d’un genre.