Trio lyonnais, doté d’un chant féminin qui te colle au sol mais te caresse, aussi et dans le même temps, les fesses, Tombouct0u gifle noise et balafre sucré, en rangs serrés. Tricky Floors est son second LP, après Ceiling Coast qui date lui de mai 2017. Epée en main, il pourfend et lacère. End of rescue, pas même une minute et demie, file en castagnant. Il riffe avec ardeur, sa voix s’emporte et nous dit bien des choses. C’est le premier assaut et déjà, l’auditoire vacille. Watermelon snow, d’une durée bien plus étirée, se saccade et n’emprunte pas, lui non plus, le chemin des plus sages. Il se fait, toufefois, plus insidieux. Ses vagues, ses va et vient racés mais bourrus font la différence. Voix, guitare, batterie, et c’est marre. A trois, on fout le zbeul comme à dix. Le rythme change, abruptement. Les ambiances aussi, mais on reste sous tension. Dur de s’en extirper; on se fait un peu percuter, voire dessocler, mais on ne dit pas non. Le terme du morceau, déchainé, troue les filets. On n’a plus de défense, on s’offre alors tout entier aux divagations de Tombouct0u. Fighters, dans un bridé qu’on voit bien imploser, impose à son tour ses sautes d’humeur, sa bipolarité sonique. Ca me va bien, cette démence musicale ajustée.
Avec Unusual Mabel, c’est le fracas. Les hurlements black métal. Si si gros! Ca cogne dur, en 68 secondes la bondieuserie nous tombe sur le coin de la margoulette. Mazette! Claps on waves, du délicat de départ, fait ensuite péter la baraque. Il varie, peinard enfin euh pas tant que ça, entre calme et épilepsie. On s’accroche au bastingage, le trip jusqu’à Tombouct0u est bourré de remous. Mais sans coup de mou. Lucrece’s summer, de son groove à la Singe Blanc, griffe lui aussi avec panache. Il s’emballe, fichtre ça rigole pas par ici!! Pourtant Cocrelle, au vocaux, se module. La cadence est sous non-contrôle, autrement dit hors de portée. Ring my bell, rêche, boularde crument. Un break se pose, joliet. La dame adoucit ses traits mais derrière, ça ferraille. A la toute fin de ce Tricky Floors de valeur supérieure Birth of a werewolf, dépaysant, lâche une dernière salve vrillée, entre éclat et bourrasque, au braquet affolé. Une trouée psyché arrive, cinglée. Puis ça prend fin, bruitistement. On se retrouve alors sonné, mais réjoui, par une collection de tout premier ordre.