Aurat vient de Los Angeles, il a pour particularité d’instaurer le Urdu (langue nationale du Pakistan, également l’une des langues officielles de l’Inde). Les origines de sa vocaliste Azeka Kamal, Pakistanano-Americaine, expliquent ceci et le registre du duo de base, devenu quatuor, inclue autant l’indus que des giclées 80’s. Ou, encore, de l’EBM bien bondissante et des enrobages cold. Khaar, le nouvel EP du gang, brasse et recense tout ça. ¿Can You Hear Me? (qu’il se rassure, c’est le cas..), pour ouvrir, libère une EBM tapageuse sur chants robotiques masculins, contrebalancés par ceux de la Dame. D’emblée, une accroche est trouvée et se fait par l’ajout de sons qu’on n’entend pas tous les jours. Le rendu est affirmé, ¿Can You Hear Me? (MVTANT Remix) en offre dans la foulée une version plus psychotrope, spatiale mais toutefois remuante. Indus, électro, psyché dérangé, on est là à la croisée des orientations. Waqt / Saach, au début grinçant, lance lui une attaque cold salie, alerte, qui s’habille de voix déviantes. Parfait. On la truffe, cette composition, de trouées cinglées.
Aurat s’illustre, prend la tangente sonique et ça lui réussit. Shame, loin de lui faire honte, se place côté EBM, mais dans le noir. Et cadencé. Azeka se sensualise, dans un élan incoercible. Punish vocifère, laisse danser ses boucles. Les vocaux se complètent, sans sagesse. Là encore, là aussi, ça arrache et surtout, ça se souille avec brio. 333 s’EBM, ses nappes font le boulot. Des bruits inquiétants fusent, on n’en demandera pas plus pour se laisser gringuer. Takleef, dans une pluie de synthés célestes et vrillés, assure une fin psyché et psychotique. Aurat n’a rien raté, il a même tout bon sur ce Khaar qui sort, bon point de plus, chez les excellents Detriti Records, à Berlin et pas pour rien. Là où le catalogue en vigueur n’a rien à voir, vous le savez bien, avec toute idée d’attitude rangée.