Issu d’une performance unique, qui s’est tenue à Bruxelles, au Paris Delirium Festival organisé par Metaphon le 14 décembre de ladite année (aux côtés de Marteau Rouge, Salmigondis et Steve Stapleton), ce live transcendé de Lard Free voit le jour en physique via Replica Records. Qui avait, avant cela, réédité une flopée d’autres opus de la clique. On y trouve cinq plages avec dans un premier temps Prologue à la fresh, qui déjà part à l’aventure, très…Free. Il dissone, marie feutrine de noir et grincements de classe. Dans la lenteur, rythme épars et notes bleutées, tendant au foncé, se font jour. A l’issue La Controverse de Couikcouik et Boumboum, de ses tambours fracassants, de ses cuivres saouls, induit les mêmes sensations. Lard Free ne se borne pas, il étend son champ et herse sa propre terre, sans cesse réinventée. Une sitar, ça et là, contribue au dépaysement. Des clameurs récompensent, d’autant plus nourries qu’il s’agit là d’un évènement sans suite, la venue de Lard Free. La noirceur nuptiale distinguée de La grenette et la clarinouille, ses bruits angoissants, son atmosphère figée, ou presque, en font une pièce fascinante pour qui saura s’en draper. Artman et compagnie ont du couper le souffle, ce soir-là, à plus d’un auditeur.
Manko Itcha, doté d’une voix féminine -celle d’Anne Gouraud– qui elle aussi transporte, amène de ce fait un plus. Le morceau s’anime, ses motifs le font resplendir. Sans hâte, on monte en intensité. C’est beau, ça menace avec pas mal de classe. Ceci sur plus de neuf minutes, ce qui accroit le ressenti lié à l’écoute. Les vocaux se font fantasques, de pair avec les sons. Envoûté, envoluté, on capitule. Pureté et grisaille cohabitent, Lard Free ne monte pas sur scène pour réciter une leçon. Chacun reconnaîtra les chiens, au terme du live, démarre dans le trituré, puis s’engonce dans une pluie de sonorités, avant d’instaurer une cadence presque électro, insistante, arrosée de chapes tarées. C’est terminé, je me dois d’y retourner pour après ces quelques mots approximatifs, tout ouvrage drapeauté Lard Free ne se décrivant qu’avec inexactitude, parfaire ma perception d’un concert immersif, désormais niché dans de magnifiques sillons.