Ki! alias Christian Ki Dall, compositeur et multi-instrumentiste basé à Copenhague, signe un opus royal et généreux, foisonnant et aventureux, avec The Boy From Haeundae Beach. On y entend, avec délices, soul, funk « d’avant », hip-hop, folk, ethio-jazz, relents indé ou encore vagues surf. Il y a même, surprise, une superbe balade en Français, nommée Je Suis Toujours Là, aux airs B.O. joués lascivement. Des sons d’Asie surgissent, eu égard aux origines du bonhomme. Haeundae Beach Boy s’en pare, pour ouvrir le bal, dans un instrumental surf retenu. Puis la folie groovy d’ Abeokuta, funky et trépidante, exécutée à l’ancienne avec les moyens de maintenant, dérouillera les gambettes. Des voix de diable s’en échappent, les atours de la composition sont singuliers et surtout, produisent un gros effet. Puis la voix de Happy, encore une délectable galette, y va de son grain de soul. Cuivrée avec goût -on notera, d’ailleurs, le nombre de « guests » présents, la chanson précède ce Cotten Hymn court mais splendide, d’obédience folk, ainsi que Je Suis Toujours Là que j’ai distingué plus haut. Mây Trôi lui assure une digne suite, sur saveurs « Asiat' », jazzy, détendues. Ki! bénéficie, et c’est audible, d’un savoir-faire qui grandement, valorise ses créations. Lesquelles, même sans chant, enchantent. C’est le cas de Nibi Nibi, tout aussi trippy, marqué par le cachet rétro qui crédite l’album. Plus loin Karma Flow, au débit hip-hop assuré par Al Agami qui s’illustrait aussi sur Je suis Toujours Là, plaira similairement. Sur fond jazz de velours, il brille.
Nắng ấm, ondulant, allie voix narratives et textures funky, mais hybrides. L’objet sort chez Crunchy Frog, dès lors nul étonnement à ce qu’il se révèle aussi goûtu. Mood Indigo, d’un jazz « de cabaret », subtil, transpire la classe. Duke Ellington et Barney Bigard, dont il est issu, en seraient ravis. End Credits propose une trame elle aussi cool et soul, sans heurts, dont on s’entiche à la première écoute. Out of the Dark, Into Our Hearts s’étend en durée, dans un mid-tempo venteux. Jefrrey M. E. Hessellund l’orne de ses interventions vocales, notoires. Je ne nommerai pas tout le monde mais les invités, sans cesse, font scintiller le LP. J’avais, à la base, laissé The Boy From Haeundae Beach de côté, trop-plein de réceptions oblige. J’y reviens ce matin, j’en capte alors toute la portée. Music Is the Language of Angels, y allant de son chant grave et crooner, me donne raison. C’est pour ce type de titre, pour l’ambiance qui en émane, qu’on adorera The Boy From Haeundae Beach. Collaboratif, il n’en est pas moins cohérent. Et captivant. Viggo, aux notes déroutantes qui se répètent, se refuse à la catégorisation. Des mots épars l’ornent, qu’on remarquera de par leur ton. Chaque morceau regorge de ces petits détails, décisifs, qui nous feront l’adopter. Sans l’abandonner.
Ainsi High Life, d’un surf indé racé, mis en exergue par Charlotte Schultz au micro et Bjarke Nikolajsen à la trompette, séduit-il sans rémission. L’ébouriffante beauté des instrumentations, récurrente, constituant un atout énorme. Romantique, bien nommé, en fait étalage. Ki!, d’un talent étonnant, livrant après tout ça un Wrays of the Sun gentiment souillé, aussi psyché que léger et, par sa réitération aux accords élégants, obsédant. Vinden der hvisker lui emboite le pas, atmosphériquement surf. Et, je me plais à l’asséner, merveilleux dans son décor. Des voix, criées, s’y encanaillent avec des volutes sonores enivrantes. Je suradore. Joel Goes to Get Help, funk et vif, aérien aussi, voit Johan Bylling Lang assurer le sax, ténor et baryton, avec panache. A l’unisson avec la voix, légère, en provenance directe d’Asie. Enfin October 12, dans un milieu bluesy finaud, termine sans flancher, là où d’autres faiblissent sur la fin de leur oeuvre, un ouvrage qui, en plus du fait qu’il soit rempli et valeureux, porte magistralement la marque de son géniteur.