Flor Del Fango se compose de musiciens ayant pratiqué dans l’alternatif des années 80, où siégeaient Mano Negra, Chihuahua ou encore Parabellum, et j’en passe car la liste est longuissime. Mémorable époque, le groupe naissant lui en novembre 1997 à l’occasion d’une soirée de soutien aux Indiens du Chiapas. L’orientation est par conséquent évidente, les minorités seront défendues. En 2018 sort Hekatombeand, patchwork vigoureux/étourdissant. En ce début décembre lui succède ce Paz y Pan concocté, je tenais à le préciser tant le line-up est éloquent, par cette clique de routards pour le moins aguerris: Marucha Castillo (Chant lead); Napo Romero (Chant, Guitare. Ex. Chihuahua, Frères Misère); Alejandro Marassi (Basse, Chant, Choeurs, Guitarrón, Requinto); Philippe Teboul (Chant, Batterie, Percussions, Choeurs. Ex. Mano Negra); Patrick Lemarchand (Batterie, Percussions. Ex. Parabellum); Matu (Claviers, accordéon. Ex. Chihuahua, Frères Misère…) et Erwan Le Fichant (Guitares, Choeurs), alors que sont conviés La Dame Blanche, Yaité Ramos Rodriguez (sur l’ouverture de l’opus), André-Marie Mazure (Trompette sur Poema de Harina et Tiempo Tirano) et Mauro Quero (Maracas colombianas, Quijada et percussions mineurs sur Poema de Harina). On précisera, histoire de faire plus indé encore, que Daniel Jamet (Guitares, Cuatro. Ex. Mano Negra) et Sven Pohlhammer (Guitares, Cavaquinho, Mandoline. Ex Parabellum, décédé en janvier 2017) firent partie de la lutte.
Celle-ci, ici, débute par un Mermelada (feat. La Dame Blanche) à la tchatche quasi hip-hop mais pas que, fusionnant et haut en couleurs, doté de guitares aiguisée, qui donne le la. Alors que l’éponyme Paz y pan, sur samples fous, déboule sur un galop punk riffeur. Le côté hispanisant convainc, fait dans l’exotique. Balada De Un Sonador évoque la Mano, dans ses heures de détente dépaysante. La palette, déjà, s’étend. Agua mue latino adopte un rythme soutenu et la dansabilité qui fait l’attrait du disque. Une galette en chaleur, mais avant toute chose insoumise. Dame Veneno, traceur lui aussi, lui refilant de la dureté guitarisée sans y perdre de ses penchants déroutants, nichés quelque part en « Amsud ». Ca pulse, ca mène sa barque entre les genres avec un panache que le vécu des membres facilite. Chicha Mala est lui aussi soutenu, on imagine sans peine l’impact scénique que les morceaux peuvent revêtir. La fête inobéissante, aussi, qu’ils susciteront en cette occasion. Car c’est bien le but; contester, défendre l’oppressé, accabler l’oppresseur. Le clan le fait bien, on n’est peut-être pas dans la dinguerie débridée de la Mano Negra mais le rendu s’accepte sans rechigner. Mambo marie rock et latinerie, se pare d’électro, de guitares qui crissent. A sa suite Tiempo Tirano, également entrainant, associe les chants, se cuivre dans l’épars judicieux.
Photos Aloha Spirit
Poema De Harina présente, de son côté, une finesse syncopée presque gitane. A la Négresses Vertes mais façon Flor Del Fango, de nature à enfoncer le clou d’un métissage bariolé. Donne-nous la paix, donne-nous le pain. En guise de remerciement, on te refile un album de fête, de NON, de NO PASARAN!, d’opposition mise en son avec imagination. Sweet Magdalena y sème, alertes, des notes volantes. Plus loin Hay Que Ver, aussi nerveux que serpentant, en reverse une lampée. Ca enivre, ça pourrait être plus fou encore. Plus cinglant. J’ergote, Paz y Pan mérite évidemment tous les votes. Il sort chez AT(h)OME, label à l’esprit seyant. Uno Nunca Sabe, l’ultime trip du LP, instiguant une virée apaisée, là où j’attendais un terme sauvage mais qu’importe; Flor Del Fango, union d’artistes depuis longtemps validés, s’illustre sans discontinuer sur son Paz y Pan en solide support à son refus de subir l’époque.