Après deux opus entièrement probants, dont le tout récent Not that Bad, Lizzy Young répond aux questions de Will Dum…
1. Tout d’abord comment se porte Lizzy avec dans sa besace, un tout frais Not that bad ?
Lizzy est plutôt fatiguée, les derniers 6 mois ont été très intenses avec la préparation de la sortie, les vidéos clips à tourner (quatre cette fois). Mais aussi, bien sûr, très heureuse d’avoir accompli autant et que la musique puisse enfin s’écouter.
2. Comment s’est déroulé l’enregistrement ? De quoi t’es-tu nourrie, textuellement et soniquement, pour réaliser ce disque ?
L’enregistrement s’est passé dans mon salon, sur le tapis et dans mon lit. J’enregistre avec l’aide de mon ordinateur, ma collection de vieux Casio, Yamaha, Technics et un micro. J’ai écouté Tyler the Creator, notamment son album Igor, en boucle. Mais aussi les gens dans la rue, les voitures qui passent du Drake à fond, des films de Cassavetes, des bouquins d’Andy Warhol, Brigitte Fontaine et Cosey Fanni Tutti.
3. En quoi l’environnement dans lequel tu vis désormais, à savoir New York, influe t-il éventuellement sur ton travail ?
New York est une ville de musique, la culture musicale ici est incroyable. Tout le monde est musicien, la rue est remplie de boombox, de voiture boombox, de Deli musicale, de chanteurs improvisés. C’ est une ville très bruyante, beaucoup de monde s’exprime en musique. Les univers varient selon les quartiers. C’est riche en flavors soniques, ça te donne envie de tout mélanger et de voir ce qui peut se passer.
4. Not that bad sort en cassette, en plus des supports habituels. Est-ce un format auquel tu attaches une importance toute particulière ? Penses-tu que le type de format -entre le cd, la cassette et le vinyle- génère une écoute ou une approche différente pour l’auditeur ou encore pour l’artiste ?
J’ai une relation spéciale à la cassette, j’ai créé une performance en Espagne il y a 5 ans où nous avions 11 radios cassette et une centaine de cassettes sur scène avec mon ami Nicolas Chevalier. On a monté un show d’une heure autour de l’idée de la cassette et de la relation que les gens ont avec la musique et les souvenirs que ça crée émotionnellement. Après ça, j’ai commencé à faire le dj avec des cassettes dans les bars, à New York. Le son est généralement bien plus pourri qu’un mp3 mais il y a un rituel, dans le vinyle et la cassette, qui pour moi est très important. La musique devient aussi un objet et je pense qu’avec Spotify, on a perdu un peu cette idée d’objet d’art.
5. Not that bad, à quoi cet intitulé renvoie t-il ?
Not that bad, ca veut dire que c’est pas si mal. En 2020 le monde s’est arrêté et mon pote avec qui j’ai le label GFY, Samuel Tressler IV, n’arrêtait pas de dire “Its not that bad” alors que tout partait en vrille. C’est devenu notre mantra mais aussi une manière de continuer à avancer. Une sorte de faux optimiste qui nous a aussi faits pas mal rire.
6. Dans quelle mesure tes albums solo, au nombre de 2 avec la parution du tout dernier, sont-ils liés à ta personne, à ton parcours de vie ?
Mes deux albums constituent une réflexion sur ma vie et ce qui m’est arrivé, ou sur ce qui m’arrive ou encore ce que j’observe autour de moi. Ils sont extrêmement personnels et ouverts au monde. Une invitation à la libération, en quelque sorte.
7. Si tu oeuves désormais en solo tu as visiblement un parcours, avant ça, assez fourni. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
J’ai commencé en tant qu’actrice mais en sortant du lycée, je me suis mise a jouer de la basse. J’étais totalement amoureuse de Kim Gordon. Je voulais être une autre version de Kim Gordon. Plus tard, je suis allée étudier le théâtre à Barcelone, pendant deux ans, où j’ai eu mon premier groupe de punk, Onlysundays, avec mon amie merveilleuse Quitterie Mellac. Mais j’avais toujours NYC dans la tête, j’y avais passé un mois et demi juste après mon bac et mon obsession était d’aller vivre là bas pour un moment sans tellement réfléchir à la difficulté d’obtenir un visa.
Après ça j’ai joué de la basse, du clavier et de la batterie avec d’autres groupes mais j’avais toujours cette idée de mener mon propre projet, de créer mon propre univers, de mélanger mon travail d’actrice avec ma persona musicale, et Lizzy Young est alors née.
8. Qu’est-ce qui explique que, d’abord installée en France, tu aies fait le choix de migrer vers New-York après une escale, je crois, à Barcelone ?
Ça a commencé dans la banlieue parisienne et par la suite Paris, mais je trouvais ça stérile et emmerdant Paris à ce moment-là. Alors je suis partie à Barcelone, j’avais toujours rêvé de mer et de soleil. Barcelone m’a appris l’espagnol, un peu de Catalan et le goût de la fête, mais très vite je me suis rendu compte que j’avais une envie tellement forte de rock and roll que ce n’était plus suffisant. New York c’était Sonic Youth and Kim. Alors je me suis dis f**** it, je prends ma basse et j’y vais!
La plupart de mes décisions importantes ont été prises sur un coup de tête, avec une envie très forte de me retrouver perdue dans un autre monde et de ne rien comprendre pour un moment.
9. Que t’ont apporté tes différentes expériences en des terres somme toute assez…différentes, elles aussi ?
J’ai appris à survivre dans des langues différentes et à travers la musique, aussi, et la création en général. Mais surtout, j’ai eu une vie complètement folle qui m’a permis de comprendre un peu mieux qui j’étais et qui je voulais être.
10. Not that bad désormais sorti, quels sont tes projets actuels ?
Je vais commencer a organiser une tournée en Europe pour le printemps, d’ailleurs si il y a un(e) tourneur(se) qui lit ça et veut me filer un coup de main… 😉 Retourner au studio pour enregistrer de nouveau. Commencer à bosser sur de nouveaux morceaux. Et probablement faire des siestes et mater des films.