Excellement Grave fut un temps, pour son premier long jet, le duo BRACCO récidive avec ce Dromonia tout aussi impactant. Enlevés ou plus rampants (Carter), jonchés de stridences indus dont on se gave comme avec un bon cru, ses morceaux se postent à la croisée des genres. Bracco braconne, en quelque sorte, jusqu’à trouver sa juste posture que de fait, il ne doit à personne si ce n’est à des influences fort bien gérées…et digérées. Psychic TV, DAF, Suicide et Throbbing Gristle en sont, ça peut quelque fois transparaître mais ça ne jure jamais. Ca enthousiasme sévère, dans une dynamique qui louche vers le haut niveau. Epiphany, dans l’air, hésite. Psyché, pas loin. Aérien, c’est certain. Rythmiquement marqué, doté de percus indus qui le font tressauter. Réussite? Drôle de question. On n’entendra rien, sur Dromonia, que l’on puisse rejeter. Les sons tournoient, grésillent, en nappes enivrantes. Cobra Music 4 pulse en séquences, hausse la cadence; la valeur de l’effort m’évoque, de temps à autres, les non moins bons Vox Low. Basse de velours, ronde. Titre élevé, très élevé. Carter, ensuite, noir et d’un mid-tempo qui fait son effet. Songeur dans les vocaux. Moucheté, encore, de sonorités de travers qui viennent crayonner la copie. Trop bon.
Plus loin, Be a boy. Lauriane, des Bryan’s Magic Tears, y pose sa voix mi-sensuelle, mi-mutine. Y’a pas à dire, on a connu bien pire -par ailleurs, pas ici- en termes de featuring! La dame est d’un bel apport, la composition se déploie lascivement et ça lui permet, dans nos têtes, de s’insinuer. L’éponyme Dromonia suit, spatial, chanté autoritairement. Il décolle, pesant, en semant une fumée brumeuse. I love you lui emboite le pas, plus vif, en boucles folles. Il est cold, alerte, entêtant dans ses « I love you » répétés jusqu’à la rupture. Ben oui, on sait comment ça se termine ces trucs-là! Bon, c’est un standard. De mon point de vue. Bracco tutoie le haut, comme dit…plus haut. Sa palette attire, à l’instar du malsain, et ne se fige pas. Loren et Baptiste, comme larrons en foire, s’entendent. Wrap your Lips around my neck, marqué Suicide, les valorise à son tour. Le timbre est doucereux, l’enrobage léger. On note, c’est une fait récurrent, l’attrait qu’engendrent l’écorce sonore et le climat général.
Les deux hommes ne peuvent s’empêcher, et ça leur sied, de barioler le rendu. Lequel, sorti chez Born Bad, réside de plus en lieu sûr. Sunshine, entre guitares nerf et synthés ciel, se strie et comme le reste, force à rester. Et au respect. Bracco gagne la partie, à deux balises du but il est d’ores et déjà en pôle position. Le rythme de Sunshine cogne, ses grattes font le boucan. Bonnard ce truc. Secretly dancing, entre les nuages, s’anime sous le joug de notes qui flottent. Il s’induse, lancinant. Les sons, encore une fois, font plier le raisonnable. The fall, remuant et incanté, s’occupe alors de boucler dans une folie salvatrice ce Dromonia de haute volée, ficelé avec maîtrise par ces Bracco au dessus de tout soupçon.