Il a 30 ans, pour cette raison il revoit le jour et croyez-moi, si vous ne le possédez pas, alors l’heure est grave et venue, bien entendue, de l’acquérir. Je parle, les initiés l’auront saisi, du Billy the Kid de Kat Onoma qui à sa parution, en 1992 donc, chamboula le paysage rock hexagonal. Ayant pour base un texte du poète Jack Spicer, paru en 1957, ainsi qu’un recueil de poèmes intitulé Série B, After Spicer, signé Thomas Lago (plus connu sous le nom de Pierre Alferi), l’opus navigue entre blues, rock et jazz, le tout savamment amalgamé. Billy the Kid est le premier, de toute la discographie du groupe, à être repressé et The radio, placé en son début, imprime d’emblée une patte, reconnaissable. A la fois feutré et pénétrant, Kat Onoma fut pour ça et à juste titre plébiscité. Les cuivres étoffent, superbes. On a face à nous, également flamboyant, la voix du sieur Burger. Grave, chaude. Kat Onoma, ça ne se compare pas. De ce début au rock racé comme bourru, de tonalités jazzy-bluesy marquantes, on évolue ensuite vers Le désert, qui se syncope en dépaysant. Moins direct, mais tout aussi influent, que le titre inaugural, il souligne un texte de choix et, notoire, une instrumentation dans la retenue, que des envolées cuivrées épicent. Superbe. On s’en remet à peine qu’arrive The gun. Imparable. Là encore rock, blues et salves de sax, de trompettes en nerfs, sur cadence élevée, placent le curseur très haut. Ce titre est pour moi mythique, c’est celui qui quand je l’entends, me fait le brailler en perdant 30 ans d’un coup, en quelques poussées de chant hasardeux.
C’était les 90’s, le rock d’en France avait un peu plus que son mot à dire et Billy the Kid en fut l’une des pierres angulaires. Will You Dance ?, d’un tissu bluesy distingué, se développe lascivement mais n’oublie pas, parallèlement à ça, de griffer. Avec élégance. C’est à cela, entre autres signes distinctifs, qu’on reconnait Kat Onoma. Riverrun, sautillant, en rudesse éclatante, s’intensifie. The Trap le suit, délié. Lady of Guadalupe l’est aussi, le passage est certes moins enlevé mais finalement, pas moins influent. L’Espagnol s’invite, notable. Memo présente des atours séduisants, un décor qu’on prend en compte. Jazz, d’un mot élevé, il transpire la classe. B. the K., finaud et de volutes de cuivres discrètes mais assénées, de notes de guitares inspirées, dans l’économie, renvoie la même force de persuasion. Night Way, plus offensif, ressort les griffes. Il se bride, on le sent toutefois prêt à rugir. Il s’emporte effectivement, dans une torrent de guitares déchainées. L’unisson est confondant, à l’écoute on comprend sans peine le statut que Kat Onoma a pu à l’époque acquérir et, au delà de ce constat, l’impact initial de ce Billy the Kid pépitesque. Dispo sous format 2 LP VINYLE, CD & DIGITAL, il fait l’unanimité et aujourd’hui encore, bien que plus daté, sonne à la perfection. The Polars, subtil, d’obédience presque folk, lui donne de la patine supplémentaire. The heart, entre riffs blues bien crus et rythmique pesante, y dépose une rugosité qui entre les mains du groupe, se pare de splendeur.
Plus loin The pain, en revenant à du plus tranquille, narre joliment. On entend, en fond, une possible crue. Qui ne vient pas mais Kat Onoma, à nouveau, crache un venin délectable. Kat Onoma, je l’ai certes déjà dit mais je me plais à l’écrire, à le réécrire, n’a pas son pareil. The Radio (remix), dans une relecture étirée, lui permet de finir en apothéose. On trouve même, à son issue et si patient on est, passé un silence qui nous ferait aisément croire à la fin des débats, une toute dernière envolée apaisée, racée, qui accentue notre dépendance à ce Billy the Kid tout bonnement magistral, à sortir chez Dernière Bande qui comme vous le savez, se fait fort de sortir, ou ressortir, toutes les oeuvres de Rodolphe Burger, que ce soit sous étendard Kat Onoma ou de manière collaborative. Raison de plus, est-il besoin de le préciser, pour lui consentir une visite poussée et investie.