Auteur d’un Supersound qui transperçait déjà tout en mai dernier, Olivier Red, l’homme aux activités démultipliées, nous en offre le digne prolongement avec cette cassette verte truffée d’inédits de haut vol. Ca se fait sous le nom de DER ,et non plus RED, et sous formule trio abrasive. C’est jouissif, sale et lo-fi, sans failles aussi. Sûrement pas né de la dernière pluie, le gaillard nous délivre un crachin que Tired, au premier rang, présente comme si Jon Spencer avant copulé avec le Nick Cave du Birthday Party. u vois un peu l’genre? C’est moite, groovy, incendiaire. Le chant est déviant, les guitares en crue et en feu. La cadence serpente, on est de suite capté par la vérité du bazar. Y’a pas de lézard, c’est du millésimé. Tends donc ton godet, une deuxième goulée t’attend sous la forme d’un It Ticks hérissé où ça suinte les late 70’s, dont les mélodies ne sont pas rejetées. Alors que Normal, qui ne l’est pas, dézingue le blues avec allant et selon des riffs vicelards. Tout ce qu’il faut, en somme, pour nous faire capituler. Going Back suivant, quand sonne son heure, un déroulé plus posé au raffinement extrêmement séduisant. Ceci, tant sur le plan du chant que dans les instruments.
Le lillois et ses acolytes, aguerris, inquiéteront les meilleurs. Shark, lui aussi bluesy mais trituré, de vocaux racés, en reverse une louche. Il menace, sort de ses gonds, sa basse le fait flotter. DER, c’est le must du rock qui n’obéit pas. Mais qui, capable de reluire, peut prendre des abords doucereux absolument irrésistibles (Supersound). Ici c’est lo-fi, certes, mais dans une distinction qui ne se discute pas. Les voix s’unissent, la trame est d’une subtilité gentiment éraillée qui la porte aux cimes. Randomly dispesed, insidieux, joue le blues avec feeling. Même lorsqu’il retombe, en énergie s’entend, DER reste performant. Dans ses us et coutumes, la tromperie n’est pas légion. Old Friend, d’abord bridé, explose en un geyser d’électricité grondante. Il y a chez DER une sensualité griffue, une capacité à faire dirty mais classieux, qui le rend supérieur. Bollocks Boy, en soubresauts flemmards, l’honore encore. Bluesy à nouveau, bancal et génial.
Shark (unreleased track 2), qui semble donc être la suite de l’inédit cité plus haut, adopte un peu la même attitude. Avec, bienvenues, de brèves incartades. Le morceau est presque psyché, en effluves entêtantes. On en vient à la fin, il est clair que DER ne s’est pas payé nos poires. Pas le genre, le mec est bien trop authentique pour ça et ses complices, idem. Sa dernière souillure, nommée Supersound (unreleased Track 2), soufflant des notes derechef belles, mais hirsutes, sur rythme paresseux. Le tour est joué, à DER je suis revenu et je m’en félicite car l’artiste, dont le parcours mériterait une biographie, signe là et une fois de plus un rendu largement au dessus du lot.