Wonderteam formée en hommage au mythique Coil, This Immortal Coil dessine, avec The World Ended A Long Time Ago, un deuxième opus somptueux. Nombre de guests de renom y participent, et pas des moindres puisqu’ils ont pour nom(s) Shannon Wright, David Chalmin, Aho Ssan, Gaspar Claus, Aidan Baker, Franck Laurino, Kristoffer Rygg, Ole Alexander Halstensgård, Stian Westerhus, Massimo Pupillo, Mattia Cipolli, Elisa Bognetti, Stefano Michelotti, Francesco Bolognini, Márton Csókás, Ivan Chiossone ou encore Eric Aldéa. On leur adjoindra Matt Elliott et Christine Ott, qui prirent aussi part au premier jet, et enfin le maestro du projet, Stéphane Grégoire. Nous voilà donc prêts pour une immersion divine, noircie, merveilleuse, ambitieuse, initiée par le bref mais majestueux Maxime Tisserand – Corybantic Ennui, pièce courte et « de chambre » qui sert de rampe à Matt Elliott, Aidan Baker, Gaspar Claus, Maxime Tisserand, Franck Laurino – Where Are You?, splendide vaguelette post-rock taillée dans une narration empreinte de rêve. Veuillez m’excuser, au passage, pour la citation des titres, un brin surprenante; elle me permet, tout simplement, de mettre en exergue les musiciens ici alliés, d’un talent subjuguant. L’ouverture traine, songe et bien évidement, on s’y plonge. Kristoffer Rygg, Ole Alexander Halstensgård, Massimo Pupillo, Stian Westerhus – Titan Arch, qui suit, postant des secousses de nuit, couplées à des notes et sons remarquables, à un chant évocateur aussi, pour raffermir l’impact du disque.
Celui-ci, dès ses premières secondes, coupe le souffle et impose ses textures. Il peut se faire brut, mais conserve sa splendeur. A toute heure, mais plutôt by night. C’est là, privé du jour, qu’il investit notre quotidien. Massimo Pupillo, Mattia Cipolli, Elisa Bognetti, Stefano Michelotti, Francesco Bolognini – Dark River, répété jusqu’à l’addiction, se passe de chant mais n’en pâtit pas. David Chalmin, Christine Ott, Mathieu Gabry – Cold Cell s’en habille, lui, avec brio et dans une trame à nouveau réitérative jusqu’à devenir, pour l’album, roborative. La beauté, quand elle se reproduit, devient de toute manière merveille. Grisément précieux The World Ended A Long Time Ago, à chacune de ses étapes, force l’auditeur à s’y arrêter. A suspendre, en quelque sorte, le temps consenti à l’écoute. Shannon Wright, Christine Ott, Aho Ssan – A White Rainbow s’en charge d’ailleurs, psyché, éthéré et étiré, aux sphères du divin. Si Coil, stylistiquement, faisait baver les stylos alors son « rejeton », dans le même esprit, bouscule l’idée de norme.
Plus loin Matt Elliott, Aidan Baker, Gaspar Claus, Maxime Tisserand – Magnetic North, aux portes des dix minutes, souffle lui aussi cette grisaille dont nous ferons ripaille. Narration, enveloppe obscure, ton lugubre. Là encore, on plie devant l’excellence d’un résultat dont la montée, lente, crépusculaire, hypnotise. C’est de la magie, musicale, que ce The World Ended A Long Time Ago dont on ne ressort pas. Notamment quand Kristoffer Rygg, Eric Aldea, Ivan Chiossone, Franck Laurino – Christmas is Now Drawing Near, à la prestance chantée aussi recueillie que ce qui le précède, interdit de fait l’échappée. L’écoutant, s’il reste en phase, restera captif. Márton Csókás, David Chalmin, Massimo Pupillo, Mattia Cipolli, Stefano Michelotti – Fire Of The Mind, sans plus d’empressement, projetant une vignette à la Wovenhand sans son électricité, mais parée du même mysticisme. Sans scepticisme, on adhère à l’heure ou déjà, le voyage trouve son terme.
C’est finalement Márton Csókás, Massimo Pupillo, Mattia Cipolli, Elisa Bognetti, Stefano Michelotti – Going Up, plus alerte que le reste, qui magnifie pour une dernière fois l’effort. Orchestral, magistral, il assène…le coup de grâce? Que nenni, nous étions depuis de nombreuses minutes gagnés. Ce terme est d’une part, sur le plan vocal, Jonsiesque. Si Sigur Ros tu écoutes, alors tu (me) comprendras. D’autre part on relève, minimale, la portée instrumentale de l’opus. Un hommage aussi nuité que raffiné, concocté avec passion et engagement, bien plus significatif que tous ces tribute qui partout fleurissent, dénués d’idées et de réelle profondeur.