Teeth a déjà raté sa vie, si jeune! Alors refaire un disque, à quoi ça peut bien servir? Quelle drôle d’idée! J’ai toutefois, à l’écoute, un embryon de réponse: ce Trauma, si tu l’écoutes bien, amène un constat; on peut rater sa vie et faire des putains de galettes. Des efforts qui trimbalent leur barque entre indé post-rock aux inflexions Sonic Youth (la crue de Le Bruit 1, morceau…bonus placé en pôle position dans l’opus, ben oui parce que si tu fais tout normalement tu t’ennuies grave Mézigue!), indé en Français totally lovely et mélodies enchanteresses tachées de passages noisy (Le bruit 2, et ouais gros!, placé lui en deuxième place alors qu’il constitue également un bonus). Zéro malus donc, pour Teeth qui ici et encore, empile les compos de tout premier ordre. Turbulentes, excellentes, mélodiques jusqu’à nous pomper notre fric puis t’façon, conquis nous sommes. Donc, nous achetons. Surtout qu’après les bonus se présente L’Ecume Printanière, Pastelsien, Yuckien, d’une indie-pop qui ravit et se déploie avec un bel allant. Avec, à nouveau, du Céfran qui lui aussi te séduira. Trauma a tout pour plaire, et puis il sort chez des maestros de la sphère indépendante. Oh, les guitares cinglent! Ca fait pas d’mal, loin s’en faut.
Ca nous dépose, tout ce fatras, à Dogsheaven qui lui, rutile à la Dave Blomberg. Avec, tu t’y préparais, des chants à nouveau doucereux que l’instrumentation heurte. Bruyant et brillant, Teeth vire à la régalade. Les voix crient, nous aussi mais c’est d’extase. Le titre se syncope, puis c’est La pluie. T’es en décembre, fais pas le difficile! Quiétude, finesse de la trame. Beau. Puis, parce que tu es chez Teeth, une embardée qui aura tardé, sans que la réalisation perde de son chien. Soft lover, après tout ce vif plaisir, postant sa vivace subtilité guitarisée. Pop, rock, indé (ah bon??), flamboyance du rendu. Et, tu le sais déjà, des torrents nourris que les manches à cordes instaurent. Merveilleux! Et dans la foulée Thé à la menthe, à boire à la tasse. Sorte de french pop à l’éclat confondant, sur tapis de voix qui contrastent, entre le tranquille et le plus orageux. Perfection. Well Spotted, Shine your star. Les 90’s. Et en guise de cerise sur le digipack La vague, sur sept minutes qui lentement s’extirpent de leur magnificence pour alterner entre choeurs bellots et élans saturés. A la fin d’une enfilade avec laquelle Teeth écrasera la concurrence indé qui pourtant, par chez nous, ne manque sûrement pas d’atouts. Et puis c’est tout.
Photos Rémi Lemoine.