De son Coocoo Banana initial Lizzy Young, compatriote basée à New-York, m’avait déjà surpris. Pour le meilleur. Elle nous revient-pas pour le pire, on attendra pour ça longtemps et vainement- avec ce Not that bad que je qualifierai de more than good, armé de dix morceaux dont les ambiances font fi de nos résistances. Et, serpentant, sautant à la liane entre les styles, n’en affirmeront qu’un seul; le sien, catchy et sans bornes limitatrices. Tout en m’évoquant, le rapprochement est bien entendu créditeur, Tristesse Contemporaine pour sa largesse d’esprit. Mais cessons de palabrer, Cigarettes are good for pain introduit l’opus avec une énergie post-punk un tantinet cold que le chant, pas loin du dansant mais tout de même ombrageux, sertit avec prestance. Bettina Koster, ou l’électro d’un Battant, ne sont à mon sens pas loin. Le résultat, en tous les cas, surnage au dessus du tas. Navigue, attrayant, au dessus de la mêlée. Et on se cogne un S#it Never Stops trip hop aux sons dark et tournoyants qui lui aussi, fait affluer la dopamine. Pimpante, Lizzy est visiblement prête à nous rejouer le tour de l’album sans vide.
Taxbreak Heartache, pour ne pas me contredire, fixe un rythme assuré autant que mécanique et, comme de coutume, une voix sucrée qui n’hésite pas à se moduler. Les synthés neigent, on renoue aussi avec ce fond froid qui décore ses compositions. Lesquelles, minimales, grincent dans leur splendeur. Dans le rejet, aussi, d’un format trop répété. Everything is Beautiful, parait-il. C’est, à l’écoute, une évidence. Mais on parlera, pour être au plus près du vrai, d’une beauté qui dévie et s’assombrit. A l’envi. Le chant songe, tantôt le propos se fait brise. Amicale, mais pas trop non plus parce que la vie, c’est pas non plus du Côte d’Or. A Real Mad Chick, de ses voix d’ailleurs « à tendance » qui joliment le lancent, nous délivre ensuite, pour rester dans le ton décalé, des vocaux d’homme sur cadence marquée/syncopée. Là encore, c’est carton plein. Sans vide, vous disais-je plus haut, mais plein de vie. Si Lizzy, via Insta, ne m’avait pas sollicité, je serais peut-être passé à côté. Merci l’exilée, ton disque est un régal.
Je suis bel et bien là, donc, en phase totale. Dans la Nuit, au chant en Français mutin et séduisant, conte une histoire où l’Anglais, également, s’invite. Son atmosphère, c’est ici une constante, berce et reluit sans se faire complètement lumineuse. Lizzy conserve, précieux, ses atours d’ombre. Dans la nuit, Lizzy, on la suit. Des guitares salies terminent le titre, puis I Envy You déroule un trip-hop lent, mais imprégnant, qui à son tour fait mouche. Sans hâte, comme sûr de lui. Il peut l’être, Lizzy fait tout avec adresse. Woman Hotdog offre une électro-pop tout aussi plaisante, nuageuse mais appuyée, qui persuadera n’importe quel quidam. Felicette le suit, cordé, dans notre langue et dans un ton narratif. Il se saccade, dans une formule électro-pop orchestrale mais un brin bancale. Ici, et encore, on s’y laisse prendre. Je n’ai alors qu’une envie, la toute dernière, c’est que Not that bad prenne fin avec du nerf.
Bingo! Victoire! L’excellent Only Survivor, spatial et rythmé, brumeux et psyché, fait merveille. Not that bad, second jet au bout du bon, valide les qualités d’une artiste tenancière d’une collection personnelle, bien à elle, dont les abords empêchent toute classification précise et dotent leur créatrice d’un cachet certain, en même temps qu’ils mettent ses aptitudes en exergue. L’acquisition du support devenant, dès lors, une nécessité d’autant plus claire que l’opus sort, comble de la vérité, en K7 en plus des formats habituellement en vogue.