De Structures je connais déjà le haut niveau, récemment exposé à Beauvais où je me rends ce soir voir les Burning Heads. En ce qui concerne Johnnie Carwash leur Teenage ends m’avait lui aussi plu, au point d’en écrire quelques lignes. Alors une affiche commune, qui plus est dans ma ville et par ce temps bien cold qui sied au menu du soir, la refuser aurait tenu en une drôle d’idée. Alors allez, on démarre la tire et celle-ci trouve place, comme souvent, au pied du parc Saint Pierre. J’en descends, heureux d’arpenter le boulevard du Cange. Son obscur de décembre, qui mène à la place un brin plus enluminée qu’est le quai Bélu. En avance as usual, j’échange quelques mots avec un nouveau, soucieux des conditions dans lesquelles il déclenchera. Pierre, de Structures, revient dans l’antre Lunaire et avant lui le trio de Lyon se sera lui aussi pointé. La Lune ouvre ses portes, je suis très vite perché à ma place habituelle.
Johnnie Carwash.
Je trompe l’attente, désormais vous le savez, d’une rasade de Brewdog Punk IPA. Attendre me tend et dans le même temps, aiguise mon excitation. Oh mais attendez, il est là! Je le savais, je le pressentais. Le tout Amiens du rock, qu’en ces lieux tu voies très peu mais qui pour les copains se meut. Structures, certes, le mérite. Mais c’est son collègue du jeudi, Rhodanien, qui se charge d’allumer le premier feu. Ca tombe bien, ces trois-là sont de mèche et sans tarder, on fredonne leurs airs mélodieux piqués à l’indé fougueux. Voix de dame, sucrée et mutine. Rock acéré, rapide et intrépide. Indé, j’te disais? Indétrônable, aussi, quand il s’agit d’allier mélopées et jeu rugueux. Avec, en cadeau, des refrains sur lesquels tu te pètes le dos. En pleine tournée d’adieu (jusqu’au terme de l’année en cours), Johnny Carwash se contorsionne, enchaine les trésors et ce, sans interruption. L’éponyme Teenage ends, merveilleux, est un lingot. Johnnie Carwash dégote le magot, I don’t give a shit le voit s’en foutre avec un foutu brio. Voilà, pour inaugurer le mois, un gig de tout premier choix. Breeders, Veruca Salt, je pense à ces formations estampillées 90’s dont le clan parvient à égaler l’impact. On adore tous, filons donc profiter du merch où pour la fin d’année, Johnnie Carwash pratique…ses prix habituels! Quelle putain de bonté! Merci à vous, votre set percute comme il se doit. Teenage (never) ends, gaillard!
Johnnie Carwash.
La joie en tête, j’urine. Je croise, dans la file d’attente, deux personnes issues tout comme moi du travail social. On est partout, nous les éducs, les aidants, les abimés. Le live nous purge, parfois ça urge. C’est bel et bien pour ça qu’une dégelée signée Structures, ça s’accueille avec jubilation. On les voit se préparer, ils remontent ensuite en me frôlant. Je n’ose les saluer, les sentant concentrés. J’attends la raclée, les beuglantes, la déferlante. Elle ne tardera pas, Structures part à l’assaut et sa fougue ravage la Lune. Structures fait front et loin de perdre la face, fait valoir une tenue de scène plus mordante, encore, qu’il y a encore peu et c’était, pourtant, y’a pas longtemps. Morceaux impeccables, en flux cogneurs. Trio de mecs, unis dans le son. Frères de tapage, épaulés par la lionne. Ingrid. Tremblez les grands, Structures pousse vite et jamais ne démérite! A la rage, à la stridence maison, au titre qui blaste et dévaste, le quartette nous retourne la tête. On perd la boule, il nous tourneboule. Jamais figé, il offre de plus un registre varié, ravit la foule et impose sa houle. La paire maîtresse, soit Pierre et Marvin, impressionne. Je les cite mais c’est la clique en entier, en l’occurrence, qui se hisse vers l’excellence. Vivement l’album, presse-toi donc Structures!
Structures.
Retombe un peu Will, Structures prend le temps. De bien faire. C’est toutefois dans une brulante urgence que son set se déploie, tranchant. De passages lance-flammes à des instants plus mélodieux, l’amalgame est des plus abouti. Structures défrise, Structures électrise, Structures rafle la mise. Il m’est dur, par le mot, d’en retranscrire le brio. Je m’y attelle, tout de même. Pour évoquer, souligner, surligner sa prestance. Sa force, sa pleine barrique de morceaux toniques. Dont les nouveaux, royaux. Louvoyant, solides, entre rough-wave et rien d’autre. Parce qu’il faut le dire, que ça se sache, que ça se retienne: le groupe Picard, sur scène comme sur disque, sème ses propres graines. Fertiles, elles engendrent extase et emphase. Par ici le parterre transpire, pogote et gigote. Des chants graves, en ire, portent la vindicte collective. J’assiste, presque coi, à ce live qui comble tous mes appétits. Il trouve terme, sans excès Structures prend congé. Ses fidèles, réunis, lui crient leur reconnaissance. Celle-ci n’est pas volée, d’autres lieux la perpétueront et à l’avenir Structures, fort de nouveaux galons, fera sonner sa rage sur les plus hauts barreaux de la scène d’en France.
Structures.
Photos Will Dum.