Rodé à souhait, bien connu sur la scène de son pays, belge donc (il est passé, pour résumer, par Flexa Lyndo, Baum, Poni ou encore Cafeneon), Rodolphe Coster sort avec ce High With The People son premier album en son nom propre. Taillé dans un rock vénéneux, celui-ci regroupe sept titres qui passent vite, puisqu’ils excellent. Seagulls Fly On Highways, dans une ombre pop qui file à toute allure, racée, persuade d’ailleurs d’emblée, en se parant de scories noisy. Nul besoin d’insister, on a là le morceau parfait. Appuyé, mélodique mais impétueux. Fort, aussi, d’une voix entre déchirure et élégance. Plus de quatre minutes de bonheur aussi aérien que soutenu, aussi bien mis que sulfureux. Que des cordes de choix sertissent, bienvenues. Ce n’est par ailleurs que le début, Derlish et ses spirales dark d’obédience shoegaze, me semble t-il, venant parachever le début d’album. Il le fait d’abord dans la lancinance, avant de hausser nettement le rythme. Me rappelant là, un peu, The Horrors sur leur Primary Colours.
Ca y est c’est fait, on est rallié. La voix continue à happer, un saxophone se charge de saupoudrer la composition. Libre, jazz, adroitement mais pas droitement. Alors que Dolls Their Maps, histoire de parfaire le tout, cold, se saccade dans le massif et déploie des abords noise sur lesquels le chant susurre. Rodolphe Coster, avec ses collègues, signe l’opus rêvé. Grinçant, sale et beau, sans genre par trop arrêté. Gilles Memory, en son milieu, groovant dans le dansable, souple et Grindermanesque dans le son. Rêche, bourru, vrillé. Un régal, de A à Z. A la Loop, tantôt, dans le rendu écorché et soniquement irrévérencieux. Eructant, aussi, dans la voix et sur sa deuxième moitié.
C’est aussi, on s’en doutait bien, ce que fait Dogstroke. Dévier, sur plus de sept minutes, au gré d’une trame psyché bien nébuleuse. Floue, ornée de sons de là-haut. Nuit noire, pluie d’étoiles. Les vocaux, rêveurs. Des vagues de notes grises, dans une splendeur troublée qui vente et monte haut. Dans tous les tons Rodolphe Coster and Band, captivant, se met en évidence. My Dear Hidden Krauty, céleste également, amorçant une fin de galette sans se ranger, découpé dans des murmures à l’électro-ciel bien immersive. Je remercie la promo, alors, de m’avoir passé le mot. Le titre s’agite, ondule, revêt des sons dérangés. Inclassable, il fait aussi valoir des boucles psychotropes.
Enfin et plus loin, suite à une flopée de voix pour le moins marquantes, Burglar Blames Shadows termine l’opus en outrepassant les 700 secondes, pas plus poli ni normé que le reste. Jazz, spatial, sans contraintes, il libère à son tour des effluves viciées. Soudainement, il file plus vite. Jouissif! De ses trouées avenantes, il crée des espaces merveilleux. Et demeure, tout de même, bien en marge. C’est d’ailleurs le propre de ce High With The People dans son intégralité, passionnant et acéré, aux teintes jouées avec imagination. Superbe ouvrage, à se procurer ici, que cette série de sept vignettes portant fièrement la marque de musiciens fiables et en l’occurrence, magistralement soudés.