Avec derrière lui un parcours déjà fourni Fab Zoreil, de blues en chanson-rocaille dopée à la réalité, aux histoires de vie qu’accompagne une guitare volubile, nous sert là un opus assez stylé. Onze chansons le ponctuent, d’emblée on a droit à du blues cru et narratif, vrai à souhait. MA GUITARE, c’est son nom et ça ne s’invente pas, inaugure le disque avec caractère. PARIS A REPRIS le suit, tout aussi racé. Imagés, les textes parlent. Paris est au centre, ici, du mot de Fab. Ca l’inspire, sa voix rauque conte la capitale comme s’il l’arpentait depuis des siècles. Expressif, à la Arno parfois, Zoreil trousse aussi un THE DEVIL à l’attaque folk, qui dérape un peu et c’est tant mieux, au jeu versatile. S’il débute paisiblement -ou presque-, en effet, le morceau s’enflamme ensuite. Reste, à côté de ces envolées fumantes, ce verbe habité. Poèmes exaltés, notes crissantes, mazette c’est du bon! De l’authentique, de la rue, enregistré qui plus est au Black Box, à Angers, avec le grand Peter Deimel. Puis tu as Olivier Hurtu, batteur, qui charpente tout ça avec dextérité. Le duo, c’est un fait, tient le haut du pavé. VIEUX CHICOTS, d’un blues joué funky, tressautant, en remet une lampée. De bière de rue, celle du punk qu’est, quelque part, Fab Zoreil. Un punk lettré, au jeu vivant.
Son TU M DEMANDAIS, alerte, fait bruisser la gratte. TOUT LES GARS DU METRO, s’ils l’entendaient, s’en réjouiraient. Le ton est cette fois plus posé, pour autant le mot reste élevé. Le rendu aussi. Fab Zoreil me fait songer à cet artiste, Bob’s Bot Dead, pour ce côté poète du pavé. Il joue bien, mais sans se la péter. Il aime jouer, narrer, ne pas (se) tromper. AL COOL, dansant et ondulant, funke fatalement. Blues sur Paname, messieurs-dames, ne se refuse pas. Oh, ça vire samba! Enfin, je crois. Le blues reprend ses droits, il est ici le roi. Il se fait rageur, batailleur. MA GUERRIERE, en parlant de bataille, justement, valide les bonnes dispositions de la paire. Le jeu est à nouveau finaud, aiguisé toutefois. C’est Fab Zoreil, ça chope les oreilles. Si ma rime est facile, son album n’est pas futile et à nos jours, encore moins inutile. LES GRANDES RIVIERES, blues sinon rien, n’en dit pas moins.
On est bien. ROLLERPEN s’histoire comme les plus grands, avec le même talent. Fab Zoreil, de sa langue natale, fait merveille. Son et lettre, sur son digipack en gris et noir, font bon ménage. Fab ne rechigne pas, quand son manche le lui dicte, à s’offrir une embardée. Bien jouée. A sa fin ROLLERPEN, oh yes!, s’emballe. On est conquis, on le sera d’autant plus quand MA CHANSON s’en viendra finir le taf. Rock et rauque, ça va sans dire, subtil dans l’accord, il souligne l’unisson de deux hommes et par delà tout ça, l’excellence d’un Blues sur Paname accompli à tous ses niveaux de réalisation et de mise en son.