J’ai déjà vu les Jurassiens de Gliz, en ouverture de Bror Gunnar Jansson, à l’heure de la reprise des lives masqués, au 106 de Rouen. Bonne surprise. Et sur album, l’effet demeure. Mass, l’opus auquel je m’attaque ici, dévoile en effet dix morceaux que l’instrumentation moderno-ancienne (banjo vintage électrifié, ou encore tuba jouant les basses, viennent s’intercaler) du trio vient typer, et qui parcourt un spectre large. This is not the end, lance le premier titre. Pour sûr, ça ne fait que débuter! Mélancolique, syncopé, le propos s’enracine der par sa singularité. Ca s’emporte, ça reste racé. Don’t hold back, finement décoré, prend le relai. Exalté, mélodique mais aussi enflammé, il convainc. Gliz affiche une identité, la sienne. Il a de quoi rallier, l’éponyme Mass le prouve sur des riffs crus et dans une dynamique contrastée, entre l’aérien et le plus frontal. Gliz se raffine, mais sait aussi mordre. Avec prestance.
Plus loin Illuminations, sur riffs secs encore, lâche un rock teigneux. Et bien orné, comme à l’habitude. Le banjo le fait reluire, lui donne aussi des airs rétro qui ne sont pas de trop. Gliz est constant, j’en suis bien content. Des choeurs fervents se placent, confèrant de la force à ce morceau déjà impactant. The hunt, de mélodies en force de frappe, n’est pas moins bon. Entre les instruments de maintenant, et ceux d’avant, l’alliage est ajusté. Il se confirme que Gliz, à trois, fait montre de personnalité. All is fine (pas faux, s’agissant du disque en présence…), folke et se dénude. A l’écoute, ça charme. All is fine, de toute manière. Love bot, de guitares mi-douces/mi-dures en ambiance déliée, ne me dément pas. On a droit, là aussi, à une envolée de choix.
En suite galopante, se pointe Totem. Urgent, brulant. Réussi. J’aime l’énergie, les penchants rocailleux de ce morceau. Ses motifs aussi, ces « hé, ohh » enthousiasmants. J’ai la dalle, le pot-au-feu m’attend mais d’abord, je termine. Behind the trees, bluesy, me retient. Un godet de rouge, histoire de l’honorer. Gliz poursuit, sûr de lui. Il impose sa patte, perceptible. Il est temps de boucler, c’est Shadow qui s’en charge. Folkisant, il s’enhardit, lorgne coté 70’s. Ca lui va bien. C’est terminé mais aucun regret, Mass et ses dix chapitres attractifs crédite largement ses créateurs tout en en soulignant, audible, l’approche bien à lui, individuelle et sans défauts ni fausseté.
Photos JC Polien.