Peu de temps après son premier long jet, Stuffed Foxes, de Tours, se remet en évidence avec Songs/Motion Return, où résident sept titres qui comme chez leurs camarades de This Will Destroy Your Ears raflent la mise de par leur texture. Ici l’approche est à la fois shoegaze, psyché, rock et noise. Les syncopes de la batterie animent le tout (Rough Up, où le chant incante). Au début de la fiesta Recurring, en subtiles secousses, déferle sur bordure shoegaze en tension. Bon, déjà c’est beau. Ensuite, ça se retient et là aussi, ça se prend. La voix sonne psyché, tout ça est maîtrisé et vu l’équipe rassemblée pour les besoins du disque, on ne s’en étonne que fort peu. Les guitares se font plus rudes, le propos plus roide et pourtant, aussi, souple dans son déroulé. Début gagnant, ni plus ni moins. Un break se produit, au fond fissuré. Puis la fin, en vagues hautes, fait du boucan. Excellent. On enchaine, c’est là que Hovel étend ses tons psyché et démontre, à son tour, les vertus de la bande.
Il alterne douceur, un brin trompeuse, et envolées soniques bien senties. On est capturé. C’est de la belle ouvrage, tissée par des jeunes qui déjà savent faire. San Diego, noise, asséné, en remet une brassée. Mazette, ça rigole pas ici! Songs/Motion Return prend de l’ampleur, à chacune de ses étapes. J’entends là, et ça (me) plait, Psychotic Monks. Psychotique, Stuffed Foxes l’est un peu aussi. Il met sa pathologie au service de son disque, qui du coup en tire grand profit. Opium II, lourdement spatial, le fait s’envoler dans une belle bruine shoegaze. On flotte. Ladies and gentlemen, we are.. enfin tu vois un peu le genre non? Tout est bon, ça se déguste comme un grand cru à savourer sur la durée. Ca gronde, dans une mélodie lézardée. Rough Up, quand vient son Tour(s), débute dans le ciel. Ombrageux. A deux minutes, il mue en une épopée sonique psyché, tendue, de haute volée. En surgissent, louables, des bruits tout en bruit (notez ma prestance linguistique…).
Photo Hugues Rondepierre.
Ca breake à nouveau, le terme tient en des scories noisy à la Sonic Youth. Après ça Drift, dans un succession entre coups de bélier sonores et chant perché/finaud, assure un dernier virage, ou presque, de fiabilité totale. L’opus trouve son apogée, il ne reste alors plus qu’à lui mettre dignement fin. Modern Mother & Gods, de son déluge de tambours pesants, à l’arrière-plan à nouveau crevassé, borde alors l’affaire en malaxant écorce psyché, trouées bruitistes et lenteur pénétrante qui sans hâte s’envole. A la fois étoilé et déchiré, c’est un terme qui maintient ce Songs/Motion Return dans les sphères de nos productions hexagonales, qui ces derniers temps pleuvent et valorisent grandement le paysage rock de chez nous. Superbe galette!