Déjà repéré, par mes soins, pour son Clear de première main, This Will Destroy Your Ears récidive avec un EVERYBODY KNOWS MICKEY prétendu plus produit, de toute première bourre lui aussi. En dix pavés furieux, la clique d’Hossegor distribue parpaings noise, encarts psyché tout en beauté, vaporeux (Our Realm) et mélodies qu’on n’oublie pas. Sous haute tension, très souvent, l’opus débute au son de ce Horse Pill qualitatif comme c’est pas permis. De la rouille post-punk, intense et dans le même temps céleste. Le clan se définit d’ailleurs comme Ghost-Punk / Rough-Pop, ce qui immédiatement m’évoque Structures, de ma ville. Et puis tu as, itou, ces mélopées de dedans les cieux qui se figent, comme écrit plus haut, dans les esprits (A Tree Falls, clippé ci-dessous). On trouve, à leurs côtés, des embardées belliqueuses. Tout ce qu’il faut, en somme, pour qu’on y succombe. Et c’est bien ce qui, en toute logique, survient.
Ainsi I Love You By The Way, post-punk aux sons finauds sous couvert d’enrobage sauvage, produit-il un effet définitif. EVERYBODY KNOWS MICKEY, certes. Mais peut-être aussi qu’un jour, everybody will know This Will Destroy Your Ears. J’en doute toutefois car ils aiment, en bons indés, à rester dans le cercle des initiés. I Want To Write A Good Song (t’inquiètes pas, c’est fait), zébrure indus bien pataude, enfonce d’ailleurs le clou sans coup férir. Diantre!, ça éructe et ça, on détestera pas. Derrière la déferlante braillée on entend, encore, des sonorités bellotes couplées à des flux wild. Trop bon! Our Realm, dans une veine plus climatique, comme dit plus haut, confirme la bonne forme du combo. Et même plus. Modern Is Already Old, appuyé, le suit avec d’une part une vérité absolue (dans ce qu’il narre) et une vigueur juteuse, écorchée, qui le relève sévère.
Rien à redire donc, tout s’enchaine comme chez les meilleurs. 16.01.94 + Funeral Dates For All, bridé, dont on pressent la crue, appuie mes dires. Entre splendeur peaufinée et montées torrides, EVERYBODY KNOWS MICKEY, qui sort sur une tripotée de labels recommandés, s’avantage de A à Z. Le morceau s’étend, un passage noisy se pare de notes subtiles. Bien vu. C’est d’ailleurs dans la finesse que ça se termine, et c’est superbe. Not A Love Song arrive alors, saccadé dans son rythme, pour asséner un post-punk racé/mélodieux du meilleur acabit qui soit. On n’est plus dans l’idée, depuis un moment déjà, de résister aux aptitudes de This Will Destroy Your Ears. The Rageous, tempo rapide et abords saignants en bandoulière, se place là en entérinant l’excellence de cette chaude galette, à dévorer toute affaire cessante.
A la fin du chemin Cutie, bien nommé, prend des airs posés, une atmosphère aérienne bien mise, pour finir superbement. Fait de subtil, il file un joli coton. Pas un seul instant, au…fil, justement, de l’écoute, la qualité n’aura baissé. This Will Destroy Your Ears prend donc place sans conteste possible, avec son EVERYBODY KNOWS MICKEY parfaitement conçu, dans la caste des groupes de chez nous à ne jamais rater, que ce soit sur support ou encore sur scène où ses prestations font trembler les murs et remuer les carcasses.
Photos Blanche Konrad.