C’est au son du nouveau This Will Destroy Your Ears, virulent, que j’amorce cet article. Destiné à la chronique, il laisse toutefois place ce soir à la « Lune » qui ce jeudi, par temps pluvieux, a réchauffé nos âmes le temps de deux sets poppy à l’esprit ouvert. Celui de DEGAGE dans un premier temps, les rémois comptant dans leurs rangs un amienois aux multiples fonctions. Puis Lulu Van Trapp, au répertoire étendu, quelque part mais on ne sait pas où entre synth-pop, rock et r’n’b. Pare-brise trempé, ventilation en rade, je chemine avec peine vers la salle, me mange un terre-plein en m’en rendant compte assez tôt pour ne pas y perdre ma tire. Je trouve enfin, un brin irrité, une place dans cette petite et précieuse rue jouxtant la fac de sciences. Je bats le pavé, luisant. Arrivé sur les lieux je croise justement Erwan, le local cité plus haut. Avec grand plaisir, nous devisons sur son avenir puis l’entrée se libère après que j’ai aussi, avec bonheur, bavardé avec Solène qui fut mon binôme en tant qu’éducatrice. L’agent de sécurité, des plus sympathique, me salue avec gentillesse. C’est aussi ça la Lune, bien s’entourer. Je m’assieds, là encore une personne avenante veille sur mon appareil pendant que bien vite, car l’attente me gave, je me dégote une petite IPA au bar, histoire de tromper l’expectative. Je suis fin bien. J’attends DEGAGE, pour qui je suis venu…et resterai en dépit de son appellation.
DEGAGE
Bon bref, ça démarre. DEGAGE, de caresses synthétiques en mélodies pop soignées, tient la scène sans vaciller. De temps à autres, des poussées rock bousculent l’auditoire. C’est bon à entendre, le quartette dispose d’une collection de chansons élevées et le live les honore. J’aimerais toutefois, je n’en démords toujours pas et vous l’avez déjà lu, un pincée de noisy en plus. Ce n’est que mon avis, la traduction de mes souhaits; la foule aime DEGAGE, moi aussi t’sais! Il le mérite. Il dégage classe et raffinement, reste encore un peu DEGAGE! La pop, sans âge, traverse les temps. DEGAGE l’y aide, investi, habile dans le mot. Ses sentiments, d’amour en allégorie, touchent. Entre allant et élans plus retenus, les champenois assurent une constance, certaine, dans la qualité. Ils ont de plus le bon goût de conclure dans la vivacité, notez bien que je suis loin de les en blâmer. DEGAGE quitte la scène, le devoir accompli. Nous l’applaudissons, dans un bel unisson. J’aperçois mon ami Adam, se trémoussant, qui largement en profite.
DEGAGE/Lulu Van Trapp
Je tente alors, histoire d’en confirmer les bienfaits, la deuxième reubié. C’est foutu, le bar est assailli. Je regagne ma place, s’engage alors une discussion avec deux personnes venues des environs de Compiègne. Sacrément agréables et qui plus est, d’un respect à propager partout ailleurs. Tout ça se perd, bon bref comme exprimé plus haut! Lulu Van Trapp se pointe: nous voilà partis pour une série de sérénades ici énergiques, quasi rock’n’roll, ici dansantes, à l’orée du r’n’b (entre autres) mais sans vraiment en être. Cette diversité, cette presque versatilité fait que le set, régulièrement vigoureux, passe comme une lettre à la poste. Il faut aussi préciser qu’à la barre, se tient une frontwoman aux nombreux atouts. Sa voix envoie, en rangs serrés Lulu Van Trapp marche sur la Lune. Cette dernière, conquise, ne se fait pas prier. Aussi dansable que rudoyante, la team des quatre rallie même ceux qui, à la base, ne plaidaient pas pour sa cause. Jérôme, si tu me lis, ce constat t’est adressé.
Lulu Van Trapp
Les mots d’amour, impeccable synth-pop. Love on the brain, r’n’b largement présentable (si si, ça arrive!). Brazil, pulsant comme modéré. Tendresse et coups de sang, colère et sentiment; dans une valeur qui rarement retombe, Lulu Van Trapp fait crier la foule qui visiblement se défoule. Lulu a de la tenue, le présent me comprendra. Lulu a les morceaux, Lulu joue dans l’unité. Et tu le nieras pas, un batteur qui joue debout, ça passe pas inaperçu. Le guitariste, lui, fait le fou. A la basse, la note est sûrement jouée. Ca passe sans temps faibles, c’est le signe des prestations à cacheter. L’événement se plie sur une note quasi reggae -mais pas tout à fait- comme me le faisait justement remarquer Jimmy, le Monsieur Comm’ de la Lune, à l’issue du gig. Libre sans que ça l’abime, Lulu Van Trapp offre deux rappels et peut, sans souci aucun, prendre congé. La Lune, toute entière me semble t-il, tape dans ses mains -à juste titre- en l’honneur de son estimable venue.
Lulu Van Trapp
Photos Will Dum.