Toquard, j’l’ai croisé dans l’autocar. A Omiens, du 80 d’où qu’ça craint, avec sa bande de copains teufeurs. Z’étaient prêts, eux qui rigolent jamais, à m’péter les rotules. Heureusement leur chef de bande, musicien nourri à la dérision, les en dissuadés à la condition que j’écrive, sur son second opus délirant, une paire de lignes. Ok gros, tu m’as sauvé la vie, je peux bien me sacrifier. Via Insta (c’est dire à quel point il est désoeuvré, réduit à faire de la zik enfin tu vois un peu l’genre…) le mec m’envoie le bousin et putain, c’est pas du foin! Pour vous et pour débuter, il chante son mépris sur 23 secondes de looser talentueux, avec élégance. Puis voila Avec mes copains teufeurs, menaçant, aux synthés tournoyants et en pluie. Génial! Un titre qui fout le zbeul, en électro obsédante au refrain sous grande violence. Le genre de chanson qui s’accroche à tes basques, à te courir après partout où tu traines ta carcasse. Et c’est pas la seule! Pédiluve, pas moins entêtant, pas moins magnifiquement absurde, s’ajoute à la liste en se faisant entrainant. Ses sons ont chopé la fièvre, pas forcément celle du samedi soir mais plutôt celle qui s’abat sur les talents en marge. Toquard, qui n’en est pas un, aligne les morceaux qu’on retient. Ah justement, il nous torche un Cold merde merdiquement cold, un grand cru du genre si tu veux tout savoir! J’adore trop grave; K 1000, pour le coup, l’accompagne. Ci-dessus, le clip de folie qui illustre le bazar et crois-moi ma couille, c’est pas d’la drouille! Toute la clique est là, prête à t’Accueillir Froidement, dans un noir et blanc d’époque qui te replonge au temps de la cold-wave, de merde bien entendu. Guitares ardentes, basiques donc bonnardes, un standard cold et puis c’est tout copain! La voilà, la vérité vraie. Bon, le Toquard, il a plus d’un tour dans son sac de toute manière! Et ce, sans jamais faire le fier.
Il varie les plaisirs, navigue entre les genres. Star dans l’néant, ode au ne rien être, se déroule sur un ton doucereux. Et c’est beau, autant que décalé. J’allais zapper, c’est Humeur mépris. L’album. Si tu t’en entiches pas, alors je comprends pas. La tasse, aérien, m’hypnotise. Où m’enivre, c’est selon, au vu de sa thématique. Lancinant, lui aussi t’enrobe et te séduit. Allez hop c’est plié, fais péter l’godet; Humeur mépris mérite toute notre considération. Radical, froid et trituré façon indus de dedans le tunnel, délivre à son tour un refrain, et des paroles, qu’on pourra pas s’empêcher de brailler aux quatre coins de la ville. Omiens, 80. La city de Toquard, aux dispositions plus qu’évidentes. Ma vie en rose, électro-pop vivace, décrit sa pauvre vie. A ne rien attendre, à errer sans but. A la différence qu’ici, le but, il y touche car dans nos contrées, je peux te l’jurer, on va l’aimer. Humeur mépris couz! Toquard déconne, dans ce registre il excelle. Il déconne avec brio, inspiration, dans la passion. A dada, il fait jouer ses synthés. Avec entrain, dans une auto-dérision qui fait pencher la balance en sa faveur. Il termine sur A fond la flemme, belle chanson songeuse et paresseuse, aux sons volants et chants tarés. Sur des rimes de choix, en clin d’oeil à la vie, Toquard conclut là un opus assez bluffant, dont la première écoute risque d’en générer une pelletée d’autres et dont le propos pas si stupide qu’il n’y parait, loi s’en faut, dévoile toute la vertu artistique de son concepteur. Sur ces quelques mots je trace, heureux de l’audition, visionner le gig de Lulu Van Trapp et DEGAGE à la Lune des Pirates. Là où notre précieux Toquard, lors d’un Bruits de Lune d’il y a quelques temps, s’était d’ores et déjà montré à son avantage.
Photos Will Dum.