Néerlandais, Karel joue une synthwave à la voix grave que Denouncing The Hypocrisy Of Our Time, son premier album qui suit deux EPs, étale sans qu’on en décroche. Basé sur le film Network de Sidney Lumet (1976), il offre en effet dix morceaux plutôt vifs que Sentimental art, le premier d’entre eux, valorise en se saccadant. Le contenu est minimal, jonché de sons de basse cold et du début à la fin, il séduit. Et Talk in town, de sa pluie de synthés joyeux sur cadence irrésistiblement entrainante, me fait un gringue que je ne peux repousser. J’entends OMD, Depeche Mode aussi, un brin de cold-wave synthétique, mais c’est bel et bien Karel que j’écoute. Grand bien me fasse. About men l’imite, sur des tons plus hachés. Modéré ou plus direct, Karel vient à bout de nous. De toi, de moi, de lui. Tu peux ne pas aimer, c’est ton choix mais je ne l’approuve pas. Two Strange Hand On My Favorite Door confirme mes dires, en termes de synthwave on a connu bien pire.
Far Fetched, qui file et se fait céleste, ne convainc pas moins. Le chant crooner grave, évidemment, renforce la bonne impression que suscite ce Denouncing The Hypocrisy Of Our Time judicieux jusqu’à son titre. Always In My Head le relaie en affichant les même atouts, lesquels nous gagnent sans forcer. Il y a cette immédiateté durable, chez Karel, qui l’impose par chez nous. Et disons-le tout net, il est rare qu’un projet d’Amsterdam s’avère faire dans le creux. From Great Plans déboule en toute vivacité, en toute simplicité aussi. Ne pas surenchérir, voilà ce qu’entend Karel. L’essentiel atteint, il s’éteint. Et il fait bien. From Great Plans réinstaure, profitables à souhait, des basses froides. On notera, simultanément, l’allant du tout.
Pollyannaish, entre motifs secs et trame légère, gagne nos bulletins. Karel, hébergé chez Field Mates Records, a de plus le mérite de performer dans la durée. Walking (demo version), réitéré (un peu trop peut-être…), le perche haut. Enfin RTF (demo version), beaucoup plus agité, lui file des airs indus qu’on ne reniera pas. Et des voix, une dernière fois, graves mais aussi robotiques. Karel a vaincu, accessible et pourtant pas si commun, en nous refilant un Denouncing The Hypocrisy Of Our Time parfaitement filé.