De ce divin groupe estampillé, dans le ton, Sarah Records, j’avais déjà adoré ce disque sorti en mai 2020. Passé à sept, ce qui en étoffe le déjà délicieux registre, le clan décoche ici douze perles absolues. Pop noisy, cinglante et déferlante, vivifiante et mélodique mais pétaradante, aux voix associées. Régal total. Local hero donne le ton, jubilatoire. Alliage des chants, allant enchanteur et jolis choeurs, étayage superbe. On touche d’emblée au but, le sax de…ah…euh…oui, Camille Fréchou orne assez magnifiquement le rendu. Ca met en joie, ça picote aussi, c’est meilleur qu’un vent de la côte dans la trogne ou qu’une flopée d’embruns au même endroit. Old Fashioned Virtue, aussi alerte, nous Amour direct de ce truc-là, parfait de A à Z. Et de Z à A aussi, tant qu’on y est. How It Was Before affine d’abord le discours, plus bridé, avant de laisser la batterie impulser sa cadence. Viennent, splendides, les voix alliées. Daily Hell suit, dans la même veine pop soutenue que tout le début d’album. En fougue et en mélodies mal peignées mais d’un réel éclat, EggS séduit sans avoir l’air, pour ça, de forcer le trait. Pas le genre t’façon, c’est une clique vraie et sans fard. Certain smile, salé, lui attribue de nouveaux points. Et du galon, lui qui en débordait déjà.
Après lui Turtle Island, folk/lo-fi, se dénude. Il apporte un plus. Walking Down To The Cemetery Road, petite torpille, dévaste tout sur son chemin. Il y a du Lemonheads là dedans, je l’entends. EggS, de toute manière, ne fait le fier qu’en terres 90’s. Crocodile Tears distille du bonheur, de la beauté poppy écorchée et irrésistible. Le sax revient, pas moins concluant qu’auparavant. Still Life en bénéficie itou, sur son amorce. Lui aussi éclate, file et plaira bien au delà de ce que l’on pouvait raisonnablement escompter. Silence kills baisse le rythme, mais conserve une attention optimale. EggS n’a pas de page, de site, rien. Je capte pas. Une si bonne formation, capable de torcher douze lingots scintillants, ça devrait gicler à tous les colins de rue. We were soldiers en est (je parle des lingots), subtil avec ses vocaux de fille. Un tubinet indé, aux tons un brin Breeders quand les soeurs Deal posent le jeu. Oh, l’organe de Charles Daneau revient! Et le décor, sans poids, est merveilleux. Mascarade, loin d’en être une, venant finir dans de douces secousses un disque de qualité supérieure, à sortir sur trois structures aussi recommandables que son contenu.